Un statu quo inquiétant à Sonatrach Sonatrach célèbre, durant l'année en cours, le cinquantenaire de sa naissance. Jamais, elle n'a été autant isolée de la population. Pour une partie des citoyens, elle représente l'image d'une source importante de richesses au service des généraux. Pour les jeunes diplômés, en quête d'un emploi au sein de la compagnie pétrolière nationale, elle représente une forteresse. En tout état de cause, l'image d'une société au service du développement née des nationalisations des hydrocarbures en 1971 s'est déformée. Le sens patriotique qui a poussé des dizaines d'ingénieurs et de techniciens algériens à prendre le relais des Français et à réussir à assurer la continuité de la production avec les moyens nationaux semble s'émousser. Trois ans après le scandale de 2010, elle n'arrive pas encore à effacer les effets de cette tempête. Le grand procès de Sonatrach ne s'est pas encore tenu. C'est à partir du parquet de Milan que les révélations les plus déterminantes ont été faites, mettant en cause Chakib Khelil, l'ancien ministre de l'Energie, et Mohamed Bedjaoui, l'ancien ministre des Affaires étrangères. Un véritable discrédit jeté à la face de la justice algérienne. L' image de Sonatrach est maintenant entachée de corruption. Il faudra beaucoup de temps pour effacer ces stigmates. Les réalisations : le contrôle de Sonatrach sur l'essentiel des richesses pétrolière et gazière du pays, un réseau de transport très important, un tissu industriel puissant ne pourront pas estomper ces tristes réalités. Ce qui inquiète également, c'est que Sonatrach a été vidée en partie de sa substance : limogeages, démissions, départs en retraite. Ce qui inquiète le plus, c'est qu'on n'essaye pas de tirer profit de ces compétences. En fait, le système de formation et de recyclage de cadres, autrefois performants est devenu aujourd'hui un point noir de la gestion de la compagnie pétrolière nationale. Outre les ressources humaines, Sonatrach fait face à des défis très importants : réduire la dépendance technologique, résoudre rapidement le problème de volumes à travers l'intensification de l'exploration et l'amélioration du taux de récupération des gisements anciens. Cette “machine à fabriquer de l'argent" risque d'être grippée au cours des prochaines années si les ajustements ne sont pas opérés rapidement : renforcement managérial ; redynamisation de la formation et du recyclage des cadres surtout dans les métiers au cœur de l'activité de l'entreprise : le forage, l'ingénierie des réservoirs, la géophysique ; redynamisation du partenariat avec une présence plus prononcée dans le théâtre des opérations pétrolières à l'étranger et une musculation technologique poussée via une maîtrise des techniques les plus récentes de forage et de récupération des hydrocarbures. Ce grand chantier ne pourra être mené à terme si une politique de ressources humaines plus efficace n'est pas mis en œuvre, consistant à valoriser les cadres opérationnels, de manière à éviter la fuite des ingénieurs de Sonatrach vers les compagnies étrangères. En attendant ces réformes attendues depuis des années par les observateurs avertis, la compagnie n'arrive pas à sortir du “ronron" habituel. Le ministre de l'Energie semble adepte du statu quo actuel qui inquiète les spécialistes. Un statu quo qui compromet l'avenir de Sonatrach et partant l'avenir de tous les Algériens.