Bouteflika doit parler. Son silence équivaudrait pour le moins à une sorte de fuite en avant. Il ne faut pas être grand derviche pour deviner la réponse de Bouteflika et de son entourage à l'initiative du front contre la fraude. Celle-ci, toujours attendue, se traduit déjà par le mépris de la part du chef de l'Etat, et pis, par l'indécence des propos tenus, hier, par le sous-chef du RND, le sieur Miloud Chorfi qui traite les initiateurs de “comploteurs et de manœuvriers”. Bouteflika qui fait le sourd, Ouyahia qui fait l'aveugle et les islamistes du MSP qui jouent le cheval de Troie, voilà donc à quoi se résume la réponse du pouvoir face à une démarche politique qui n'a pas pour objectif d'exclure Bouteflika comme candidat à ce scrutin, comme on l'entend ici et là, mais de réclamer auprès de lui et de ceux qui l'avaient intronisé comme Président en 1999, à savoir les généraux, des mécanismes souples et efficaces pour garantir une élection régulière. Il eut été salutaire, il n'est pas trop tard encore, que le chef de l'Etat, en tant que garant des institutions, réponde à cette initiative. Il est, en revanche, urgent que le président de la République fasse connaître son opinion à propos d'une telle démarche pour, au moins, clarifier une situation qui devient de plus en plus confuse. Il est donc plus que nécessaire que le chef de l'Etat s'exprime. Bouteflika doit parler. Son silence équivaudrait pour le moins à une sorte de fuite en avant. Pour ne pas dire à une défiance. Défiance pourquoi ? Parce qu'il lui revient de donner des gages de confiance à l'opposition ; il lui revient de rassurer ses opposants, il est tenu de donner des assurances à l'opinion publique algérienne et internationale que cette élection présidentielle se fera dans la transparence et l'équité. Il y va de la crédibilité du scrutin comme il y va de la crédibilité de l'Algérie. Or, que reproche-t-on, aujourd'hui, à Bouteflika ? Tout simplement d'abuser de son pouvoir, au point d'utiliser les ressources publiques comme il l'entend et à son seul profit et toutes les administrations pour s'assurer un second mandat. Ajouter à cela, sa mainmise franche sur les médias publics. Ce sont là autant de reproches faits à Bouteflika. Autant de récriminations qui justifient l'initiative du front contre la fraude. Il est urgent qu'il parle. À défaut, chacun aura compris. Le chef de l'Etat est décidé de s'assurer un second mandat à n'importe quel prix. F. A.