La gestion des prisons et la situation des personnes incarcérées constituent des indices pour mesurer l'état des droits de l'Homme dans un pays. Ces dernières années, l'Algérie a lancé une réforme visant notamment à garantir la promotion et le développement des méthodes de gestion des établissements pénitentiaires, l'intégration et la sécurité dans les prisons et la réinsertion des détenus. Malgré les progrès obtenus, des avancées restent à réaliser. Aujourd'hui, la société civile algérienne est appelée à jouer son rôle dans la protection des catégories vulnérables dans les établissements pénitentiaires. C'est dans cette optique que la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) a organisé, hier, à l'hôtel Hilton (Alger), le premier atelier de sensibilisation et de formation autour de cette problématique, en direction de plusieurs associations nationales, dont la Ligue algérienne des droits de l'Homme (Ladh) et l'association Rachda. En marge de cette rencontre, qui durera 48 heures, Haythem Chebli, un des représentants de l'Organisation internationale de la réforme pénale (OIRP), a révélé à Liberté que “dans les prisons arabes, il y a une grande marge de réforme à faire". Plus explicite, il a soutenu que dans les pays arabes, le système carcéral “a toujours été géré par le système policier", faisant des prisons “des établissements punitifs où la réintégration des prisonniers n'a jamais été une priorité". Pour M. Chebli, les choses semblent heureusement changer dans certains pays arabes, dont l'Algérie, qui “considèrent le prisonnier comme une personne ayant commis une faute, mais qui va réintégrer la société". À propos de l'atelier de formation consacré à la protection des groupes vulnérables en prison, il a indiqué que celui-ci entre dans le cadre d'un projet, financé par l'Agence suédoise de coopération internationale pour le développement (Sida), qui concerne non seulement l'Algérie, mais aussi cinq autres pays arabes, à savoir : la Tunisie, le Maroc, l'Egypte, la Jordanie et le Yémen. Par “groupes vulnérables", le directeur de la recherche de l'OIRP entend “les femmes en conflit avec la loi (prisonnières)", celles qui ont des enfants en bas âge avec elles, leurs enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et les personnes malades, dont les handicapés, ainsi que les étrangers. “Ces groupes vulnérables ont besoin d'un traitement spécifique dans les prisons", a insisté Haythem Chebli, en incluant la protection de ces catégories contre les mauvais traitements généralement présents dans le monde carcéral. Côté CNCPPDH, on admet aisément que les prisons algériennes sont loin d'être des “cinq étoiles" en matière de respect des “normes internationales". “Nous voulons aller vers des établissements ouverts qui aideront à la réintégration des prisonniers", a affirmé Mohamed Bendjedi, membre de cette institution. Fatiha Baghdadi, également membre de la commission, a annoncé que l'atelier est destiné à “donner plus de capacités aux gens qui sont en contact avec les prisonniers". “Ces gens-là jouent un rôle d'intermédiaire entre les détenus et l'institution qui les interne ; ils jouent aussi un rôle de superviseurs et de garants des droits fondamentaux de la personne humaine. Cette formation va permettre aux associations d'aller vers plus de professionnalisme dans leurs actions", a déclaré Fatiha Baghdadi. H. A