Le phénomène de la surpopulation dans les établissements pénitentiaires, relevant de la compétence territoriale de la cour de Constantine, a dominé les débats lors du premier numéro de la nouvelle saison de l'émission Forum, de la radio locale, diffusée hier et consacrée essentiellement à la question des droits des détenus, un thème qui a été retenu par le ministère de la justice à l'occasion de la célébration du 60e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme. Alors que le nombre officiel des détenus répartis sur les maisons d'arrêt du Coudiat, de la cité Boussouf et celui d'El Khroub demeure encore non déclaré, l'on estime tout de même qu'il y auraient près de 3 000 prisonniers, dont 1 100 incarcérés à Boussouf et 1 099 à la prison du Coudiat. Cette dernière, dont la construction remonte à 1850, avec une capacité théorique de 600 détenus, est la plus peuplée. Malgré la construction d'une prison répondant aux normes modernes dans la zone industrielle Palma, près de la cité Boussouf, le problème du surnombre se pose désormais avec acuité, avec toutes les conséquences de promiscuité entre personnes mineures et adultes dans les cellules d'une part, et les mauvaises conditions d'incarcération d'autre part. Pour Maître Fatiha Baghdadi, déléguée régionale de la commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), présidée par Farouk Ksentini, le recours, souvent abusif, à la détention préventive est la principale cause de ce phénomène qui ne cesse de nuire aux personnes, malgré les dispositifs mentionnés clairement dans le code de procédure pénale qui prévoit aussi, comme autres mesures, la liberté provisoire et la mise sous contrôle judiciaire. La représentante de la CNCPPDH dans la région Est n'a pas manqué de relever que les principales contraintes soulevées par les détenus sont l'application parfois prolongée de l'isolement, le problème du rapprochement familial exigé par plusieurs condamnés habitant très loin de Constantine, et surtout la non-réception des réponses au sujet des recours et autres requêtes déposées au niveau du juge d'application des peines. Malgré un discours officiel prônant l'application des réformes pour améliorer les conditions de détention dans les maisons d'arrêt, l'état des lieux demeure peu reluisant, surtout que parmi les anciens pensionnaires des établissements pénitentiaires du Coudiat, de Boussouf et d'El Khroub, l'on évoque des cas de tuberculose, de gale et même d'agressions sexuelles. « Ce sont des cas dont on entend encore parler en tant que juristes, mais nous n'avons pas reçu, à ce jour, des plaintes à ce sujet émanant des familles des détenus », a affirmé Fatiha Baghdadi. Il faudrait noter aussi que malgré sa présence sur le terrain, depuis quelques années, avec tout le travail qu'elle a accompli au profit des familles des disparus, de la tragédie nationale, la CNCPPDH reste méconnue par les citoyens qui, par méfiance ou par ignorance, ne daignent pas encore la saisir.