Ça y est, le diagnostic est formel. Nos hôpitaux sont atteints d'une maladie orpheline, incurable. Et, comme pour toute pathologie grave et rare, nos “mouroirs'' n'ont pas bénéficié de traitement efficace depuis 1962, date de leur tragique infection. Depuis plus de 50 ans, doucement mais sûrement, on les a laissé mourir. En plus du manque de produits, de matériels et d'effectif spécialisé, nos pauvres hôpitaux ont de tout temps été mal administrés. Et ce n'est pas tout. On a également réussi à y déshumaniser toute activité hospitalière. Le seul traitement traditionnel administré jusque-là, fait d'injections d'oseille, n'a pas porté ses fruits. Mais il faut dire qu'ils ont la peau dure ! Après plus d'un demi-siècle d'impotence, ils continuent encore à se foutre de la charité... nos hôpitaux ! Générique de fin ! C'est vrai, ce n'est pas pour tirer sur l'ambulance, mais tous les milliards administrés en liquide, nature et autres remèdes en équipements, en matériel médical et produits pharmaceutiques, n'ont pas suffi à revigorer l'état de santé de nos structures “inhospitalières''. À quoi servirait effectivement le nerf de la guerre, lorsque la bonne gouvernance, en amont, et la bonne gestion, en aval, viennent à manquer. Un hôpital, ça requiert une politique de santé, l'organisation, l'intendance, la gestion, l'administration, le savoir-faire médical et paramédical, le sens de la déontologie professionnelle, l'équité, la probité, l'humanisme, le don de soi... que des qualités humaines et professionnelles indispensables pour exercer la noble mission d'hospitalier. Aujourd'hui, nos hôpitaux ne constituent plus la moindre molécule princeps efficace, à même d'atténuer les douleurs des Algériens en souffrance. Ce ne sont que d'infects et inopérants génériques recalés aux contrôles sanitaires... puis rachetés sans la moyenne requise. Les différentes politiques sanitaires ont lamentablement échoué. À telle enseigne que sur les frontons de nos hôpitaux, on devrait écrire en lieu et place d'hôpital... “Mouroir''. Mais, cela, nos responsables ne le savent pas... ose-t-on croire. Sinon, ils seraient carrément coupables de non-assistance à peuple en danger. Nos vaillants dignitaires et leurs familles ne savent rien de l'état véritable de nos structures sanitaires nationales, transformées depuis longtemps, en antichambre de la mort. Chez ces gens-là, pour le moindre petit bobo ou carie dentaire, on vole sur Paris, Genève et autres destinations où les bons soins sont garantis et de surcroît, sur le bon dos des contribuables qui n'ont pas leurs “maux'' à dire. La vie des nantis a un prix. Tandis que celle du peuple, elle a un coût, trop élevé ! Le système est malade ! Pour échapper au cauchemar vécu dans pratiquement la totalité des hôpitaux publics, où cohabitent moustiques, mouches, cafards, rats et chats, comme à la bonne franquette... des établissements où on est confronté à l'absence de moyens et l'indifférence de certains blasés, parmi le personnel, en phase finale de déshumanisation... ainsi, certains malades optent pour les soins à l'extérieur. Les cliniques privées. Là aussi, le constat est souvent des plus affligeants ! Soit, la propreté est moyennement respectée, la nourriture est de meilleure qualité, les lits plus confortables, mais, l'essentiel, à savoir, le geste médical... il laisse à désirer. Ce constat est loin d'être général certes, mais, lorsque cela arrive une seule fois, c'est la fois de trop. C'est la vie à trépas. Aussi, se soigner en clinique privée, ce n'est pas donné ! Et ne pas en avoir pour ses sous, parce que la “boutique'' recrute parmi les moins chers du marché au personnel soignant — car il y a un marché — on a par conséquent droit à des médecins moins expérimentés. Clinique, laboratoire, ou simple tiroir-caisse, là aussi, il y à redire ! Le système de santé en Algérie, qu'il soit public ou privé, a incontestablement failli. La contagion a touché tout le monde. Hôpital, clinique, dispensaire, cabinet médical, jusqu'à l'ambulance qui n'arrive plus à se frayer un petit chemin sur les routes pour porter secours. Pendant ce temps, l'actuel ministre de la Santé crie haut et fort qu'il faudra mettre un terme aux transferts à l'étranger. Sait-il enfin que le petit peuple ne se “traite'' qu'en Algérie et que les prises en charge à l'étranger, ce n'est pas fait pour lui ? En tout cas, son message passerait mieux et aurait certainement meilleure tribune lors des Conseils des ministres et de gouvernement, pour annoncer une telle mesure. Les soins à l'étranger, c'est à ce niveau-là, que ça se recrute ! En communication, la cible, c'est important. L'effet placebo, ça ne marche pas ! R. L.