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Les USA et l'impérialisme numérique
Publié dans Liberté le 23 - 03 - 2013

Après la tenue de la douzième conférence mondiale sur les télécommunications internationales, en décembre 2012 à Dubaï (Emirats arabes unis), enregistrant la participation de 193 pays membre de l'Union internationale des télécommunication (UIT, agence affiliée à l'Organisation des Nations unies), dont l'Algérie, cette utopie semble s'émietter de jour en jour. Thomas Gomart, directeur de recherche en Europe, a publié un article dans la presse numérique étrangère où il revient sur l'utopie internet. Le “non" catégorique des Etats-Unis à céder la “gouvernance mondiale d'internet" à l'UIT rappelle que les enjeux économiques colossaux qui en découlent risquent de chauffer les grandes puissances mondiales. La contestation de la Chine et la Russie de l'hégémonie américaine a signé, lors de cette conférence, le début des hostilités. Et à ce niveau-là, l'utopie, on ne connaît pas.
Selon Thomas Gomart, après une propagation fulgurante, l'utopie d'internet semble aujourd'hui marquer le pas. Des attaques contre la neutralité du Net aux propositions de Dubaï, les forces combinées des Etats et des industries traditionnelles tentent d'endiguer un mouvement que ses succès ont rendu plus hésitant. Les manœuvres actuelles révèlent une vive tension entre cette utopie planétaire, porteuse d'une vision sans équivalent dans l'histoire, et un champ d'intérêts complexes, désormais travaillé par des logiques de puissance et de pouvoir.
A première vue, au cours de l'année écoulée, l'utopie d'internet a subi de lourds revers, infligés notamment par des Etats qui ne partagent pas tous la même conception du réseau des réseaux. La gouvernance multi-acteurs, garantie de son existence, est aujourd'hui directement contestée par Pékin et Moscou. De manière différente, ces deux capitales ont cherché à replacer les questions liées à la gouvernance d'internet dans le cadre interétatique, à travers l'Union internationale des télécommunications. Le récent sommet de Dubaï a pu se lire comme une volonté politique de contrôle du réseau qui ne manquera pas de réapparaître. En raison de leurs ambitions internationales, la Chine et la Russie, mais aussi le Brésil, l'Inde ou la Turquie, entendent directement influencer la gouvernance d'internet.
La tentative de reprise en main concerne aussi les régimes occidentaux. Toute la panoplie des pouvoirs régaliens est mise en œuvre pour replacer internet dans des cadres d'action traditionnels. Julian Assange et WikiLeaks, Kim Dotcom et MegaUpload ont appris, à leurs dépens, qu'on ne jouait pas impunément avec la raison d'Etat et les lois sur le copyright. Aux Etats-Unis comme en Europe, des moyens juridiques et techniques considérables sont désormais engagés pour maintenir les droits d'auteur et lutter contre le partage illégal. En France, des projets spécifiques de taxation des acteurs numériques sont déjà à l'étude.
Les Etats ne sont pas les seuls à considérer internet comme une ressource à contrôler et à exploiter. Les récentes atteintes à la neutralité du Net et les efforts de lobbying concertés pour la remettre en cause rappellent, s'il en était besoin, les appétits des opérateurs de télécommunications et des fournisseurs d'infrastructure. Les géants des nouvelles technologies eux-mêmes, depuis le succès du modèle propriétaire d'Apple, rétablissent des zones homogènes, distinctes du web, où leurs propres standards doivent s'appliquer. En divisant les standards et les usages entre “univers" Apple, Android, voire Microsoft, les évolutions du moment affaiblissent directement le web et indirectement internet dans son ensemble, peut-être plus encore que l'action des Etats ne pourrait le faire.
Tous ces éléments laissent une impression de retour à l'ordre ancien, qui devrait conduire, sans surprise, les médias traditionnels à bientôt titrer sur la fin d'internet. Les thèmes de la “fatigue des médias sociaux" ou de la “mort du web" ont déjà été largement discutés, et celui du “ralentissement de l'innovation" fait déjà son chemin dans la Silicon Valley.
Pourtant, croire que l'utopie d'internet touche à sa fin serait mal comprendre sa nature. En effet, au-delà des systèmes de régulation ou de contrôle et des technologies disponibles à un moment donné, elle repose avant tout sur une transformation des modes de pensée et d'interaction. Au moment où des Etats cherchent à replacer le réseau dans un cadre hiérarchique, leurs propres citoyens apprennent à sortir de cette hiérarchie pour remettre en cause leur politique. Lorsque les industries culturelles cherchent à restreindre le partage, leurs lobbyistes eux-mêmes découvrent les réseaux sociaux et en font le principal vecteur de diffusion de leurs argumentaires.
Avec internet, deux milliards d'individus ont appris qu'ils pouvaient non seulement accéder directement à l'information, mais encore qu'ils pouvaient produire cette information, la hiérarchiser et la diffuser selon leurs souhaits. Le partage de contenu est désormais naturel, la discussion en ligne évidente, la multiplication des points de vue une expérience quotidienne. Au regard de cette transformation radicale des usages et des pratiques, les décisions politiques, juridiques ou techniques ne sont, en réalité, que des adaptations conjoncturelles. Comme la démographie, l'utopie d'internet est une “force profonde" : elle transforme les sociétés de l'intérieur, indépendamment des choix politiques du moment, des personnes et des intérêts.
Les prochaines vagues de l'utopie apparaissent déjà à l'horizon. Elles vont bientôt déferler sur l'organisation des connaissances, les modes d'éducation, la gestion des données et les processus de décision. Autant de sujets moins visibles, mais plus radicaux encore que ceux qui les ont précédés. Les tentatives de reprise en main d'internet par différents acteurs ne doivent pas masquer l'essentiel : la transformation de nos sociétés ne fait que commencer.
Y. h.


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