Résumé : La soirée se prolongea. On parla de choses et d'autres, puis Zahia posera des questions sur la psychologie. Azad est surpris par cet intérêt soudain, mais ne résista pas à l'envie de la renseigner sur cette science millénaire. Il remonta jusqu'à ses origines pour démontrer que, de tout temps, l'humain avait eu besoin d'un réconfort moral. Sa marâtre l'écouta jusqu'au bout, et Azad aurait juré qu'il y avait anguille sous roche. Zahia hoche la tête avec un sourire qui se rapprochait d'une grimace : - J'avoue que je suis inculte dans ce domaine mais... mais est-ce que tu prescris des médicaments ? - Pourquoi cette question ? - Je veux juste savoir si le patient doit prendre des calmants ou des anti-dépresseurs au cas où son état le nécessite. - Seul un psychiatre pourra prescrire des antidépresseurs... mon rôle à moi consistera plutôt à remonter le moral du patient et à lui faire reprendre confiance en lui-même. A ce moment précis Katia revint au salon et vint se mettre tout bonnement à côté de son frère. Il lui entoure les épaules de son bras. - Tu étais en train de faire la vaisselle, je présume. - Oui, j'ai même remis de l'ordre dans la cuisine. Tout est à sa place. Cela t'évitera de te réveiller tôt demain pour faire le ménage. - Tu es un petit ange Katia. - Et toi mon frère aîné, celui que j'ai toujours rêvé de retrouver un jour. - Et maintenant que tu m'as trouvé... ? - J'en suis très heureuse. Azad sourit et regarde sa marâtre. Elle avait froncé les sourcils et suivi leur conversation sans pour autant les interrompre. - Vois-tu Zahia, il suffit de se savoir apprécier par quelqu'un pour que notre moral remonte. C'est aussi là un moyen de tromper ses angoisses. Elle pâlit puis toussote : - Je vois... Katia renchérit : - Maman... je suis tellement heureuse de me sentir moins seule depuis qu'Azad est parmi nous. - Oui... heu... oui... je comprends. Elle jette un coup d'œil à son mari qui dormait la tête posée sur le bras du fauteuil. Elle tendit sa main et le secoue : - Tahar... Tahar réveille-toi, je crois qu'il est temps de partir. Tahar ouvrit les yeux et parut étonné durant quelques secondes, puis il se reprend et se redresse : - Je... je suis désolé... La fatigue a eu raison de moi. Je me suis assoupi. - Rentrons... Il se fait tard, tu te reposeras à la maison. Tahar s'étire et se lève en jetant un coup d'œil à sa montre : - Tu as raison Zahia... il se fait tard. Nous aurions dû rentrer plus tôt. - Pourquoi... ? Vous êtes chez vous ici aussi, lance Azad. - Merci... mais j'ai toujours préféré mon propre toit, fiston. Je n'aime pas trop déranger et Zahia non plus. Zahia, qui avait enfilé sa veste et lisait les titres des ouvrages alignés dans la bibliothèque, réplique : - C'est le cas... mais j'avoue que chez Azad, c'est un peu comme chez nous... on se sent tellement à l'aise dans cet appartement. Quelques minutes plus tard, ils étaient partis. Azad se retrouva seul de nouveau. Il s'installe au salon, alluma le téléviseur et se remet à siroter son thé. Durant le chemin du retour, Zahia semblait furieuse. Tahar, qui conduisait, ne remarqua pas tout de suite l'air courroucé et froissé de sa femme. Ce n'est que lorsqu'elle éclate en sanglots qu'il se rendit compte que quelque chose ne tournait pas rond. Il arrête son véhicule et interroge sa fille des yeux. Cette dernière hausse les épaules de cet air impuissant qui insinuait que sa mère a toujours des réactions imprévisibles. - Que se passe-t-il Zahia ? Quelque chose ne va pas ? Pour toute réponse, sa femme relève la tête, puis la rabaisse pour pleurer de plus belle. Tahar met une main sur son épaule : - Tu ne te sens pas bien ? Elle se dégage et renifle d'un air rageur avant de lancer d'une voix étranglée : - Tu as vu... tu as vu l'appartement qu'il se permet ? Tu as vu le décor ? Les bibelots, les meubles. Ton fils vit dans le luxe... Il va bientôt nous écraser. Pris au dépourvu, Tahar cherche une réponse qu'il ne trouve pas. Katia vint à son secours : - Voyons maman... voyons... pourquoi as-tu de telles idées ? Azad a dû se serrer la ceinture et vivre comme un misérable des années durant afin d'économiser sou par sou et de rentrer s'installer dans son pays. (À suivre) Y. H.