Oui, sans risque de se tromper, le pire est à venir en Tunisie. Les incidents sécuritaires se multiplient à un tel point que la peur commence à s'installer. Après l'attaque de deux touristes italiens, mercredi dernier à Zarzis, une ville littorale située au sud-est de la Tunisie où les deux filles espagnoles quelques jours auparavant à Nabeul, ou encore l'assassinant d'un belge dans un studio à Hammamet, tous les ingrédients sont là pour prouver que la Tunisie risque de s'embraser. Voilà que samedi, des salafistes présumés ont attaqué un poste de police dans le nord de la Tunisie, tandis que d'autres ont empêché la représentation d'une pièce de théâtre, dans le centre du pays. A Siliana, vendredi soir, une dizaine de salafistes ont pourchassé un homme qui, selon eux, avait «insulté Dieu» avant de se réfugier dans un poste de police. Un des policiers témoin de l'incident a préféré garder l'anonymat. “Ils ont attaqué le poste, l'ont incendié en partie. On a demandé des renforts, l'armée est venue, et les salafistes ont jeté des pierres sur eux et saccagé une voiture. Trois salafistes ont été arrêtés", confie ce policier. A Régueb, dans le centre de la Tunisie, un groupe d'une trentaine de militants islamistes radicaux a empêché la tenue d'une pièce de théâtre sur la situation politique du pays, dans le cadre d'un festival culturel dédié à la révolution de janvier 2011. “30 à 40 salafistes étaient présents devant la maison de la culture de Régueb, une Italienne (ndlr. appartenant à la troupe) a pris des photos et (les islamistes) lui ont confisqué l'appareil en l'insultant et en criant "que fais-tu là, juive ?"", raconte le producteur de la pièce, Walid Abdessalem. “Un technicien est venu à son aide et ils l'ont tabassé", ajoute-t-il. Le metteur en scène, Obeïd Joumeyi assure avoir été menacé par un homme se présentant comme un militant d'Ennahda, le parti islamiste qui dirige le gouvernement tunisien. “Il m'a dit : "Je suis d'Ennahda et votre théâtre, votre projet culturel ne verra pas le jour mécréant"", raconte-t-il. La Tunisie est confrontée à l'essor de groupuscules islamistes, responsables, selon les autorités, de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd le 6 février. Ce meurtre a exacerbé une profonde crise politique, culminant avec la démission du gouvernement. En Tunisie, l'on cache depuis longtemps la frustration de la gent masculine car humiliée et méprisée par la femme tunisienne. Et voilà que le sujet n'est plus tabou mais fait peur aux familles tunisiennes, notamment, issues de la classe moyenne et aisée. Le double viol en une semaine a choqué toute la Tunisie. Le premier a été perpétré vendredi à la paisible et chic localité côtière de La Marsa, dans la banlieue nord de Tunis. Ainsi, un gardien de l'un des jardins d'enfants a abusé d'une fillette de 3 ans. Le frustré risque, selon la loi, la perpétuité ou la peine capitale. I. O.