À travers son intervention clandestine dans le quotidien El Khabar, le conseiller anonyme du Président vient de mettre en marche la machine à propagande du régime. L'on est passé des simples soutiens à un quatrième mandat des chefs de parti “embeded". Le pouvoir semble s'irriter de l'étalage de son fiasco : l'ampleur du chômage ne peut plus être dissimulée, les affaires de corruption et de détournement surnagent dans le marécage politique... pour ne parler que des échecs les plus spectaculaires. Il ne veut, de toute évidence, plus laisser le temps au bilan d'un catastrophique triple mandat de se consolider : la campagne s'en trouve donc déjà lancée ! Et avec les moyens habituels, dont certains sont déjà actionnés. Benbitour a servi de première cible à cette offensive. Vingt-quatre heures à peine après le coup d'envoi du “conseiller", celui qui fut le premier à annoncer sa candidature pour la présidentielle de 2014 a été victime d'un tir “ami", puisque Louisa Hanoune est supposée être dans l'opposition. La patronne du PT a accusé l'ancien Chef de gouvernement d'être derrière la mobilisation revendicatrice des jeunes du Sud. Et comme pour entrer franchement en campagne, Louisa Hanoune a proclamé que Bouteflika aurait “rectifié" la politique économique de Benbitour. Treize ans pour “corriger" une action de huit mois... et pour quel résultat ?! À peine les salaires des députés et leur mode d'élection — ceux-ci étant désormais littéralement nommés — ont-ils été changés. Drôle d'argumentaire que celui découvert par Louisa Hanoune pour défendre le bilan de Bouteflika ! Il faut juger Temmar, Benachenhou et Khelil, crie-t-elle. Comme si Khelil — et les autres — s'étaient improvisés ministres de leur propre chef. Le surlendemain, ce fut au tour du complexe ENTV-Sonatrach-football-FLN de s'ébranler. L'entreprise-magot ne sert pas que de moyen de détournement ; et son budget “sport" ne sert pas qu'à financer des structures de mise en forme pour familles de notables, ni qu'à payer des joueurs et des entraîneurs pour clubs sponsorisés. Entre le coup de sifflet du “conseiller" et celui de l'arbitre de la rencontre MCA-CSC, il ne s'était écoulé qu'à peine trois ou quatre jours, et déjà l'immense banderole annonçant le soutien du club de Si Affif au quatrième mandat de Bouteflika était-elle prête à être dévoilée sur le gazon du 5-Juillet à l'intention de quelque millions de téléspectateurs ! À l'évidence, les scandales n'ont pas beaucoup servi, pas même à dépolitiser Sonatrach — ni le football, d'ailleurs — et à la mettre enfin hors de portée des torts que lui cause le détournement clanique de la rente pétrolière. Rien n'a changé. En attendant “la réforme" de la Constitution, qui viendra compléter la révision de 2008 pour permettre à Bouteflika d'imposer son quatrième mandat, on mobilisera les mêmes moyens pour assurer l'hégémonie du régime : les institutions de l'Etat de toutes natures, le monopole des médias, la clientèle grassement entretenue. L'on assistera bientôt à la bousculade, et ce sera à qui déposera le premier sa caution et à qui sera le plus offensif contre les partisans du changement. Opportunismes et clientélismes s'avancent déjà. La campagne pour le quatrième mandat a commencé. Les coups vont pleuvoir. L'argent aussi. M. H. [email protected]