Elle dit assumer pleinement son propos en rappelant que l'ex-Chef de gouvernement est intéressé par la présidentielle de 2014. La campagne pour l'élection présidentielle de 2014 est-elle lancée, à une année exactement du rendez-vous ? Deux jours après l'entretien accordé par Ahmed Benbitour à un confrère où il a quasiment annoncé sa candidature en chargeant le président Bouteflika, Mme Louisa Hanoune a sorti la grosse artillerie contre l'ex-Chef de gouvernement. Non point qu'elle lui dénie le droit de se porter candidat, mais elle l'accuse d'être derrière les troubles qui ont secoué ces derniers jours la ville de Ghardaïa. “On ne croit pas que les gens de Ghardaïa soient contre la Fête du tapis (mardi, de jeunes chômeurs ont dénoncé cette fête au motif que les autorités dilapidaient de l'argent). Ceux qui ont fait ça sont des provocateurs, des militants politiques. Y a des manœuvres de certains cercles pour des desseins obscurs", a-t-elle déclaré hier lors d'une conférence de presse. “Ce type incite à l'émeute, il est intéressé par la présidentielle", a-t-elle dit. L'allusion ne souffre d'aucune équivoque, mais Mme Hanoune est interpellée par un journaliste pour expliquer si elle ciblait l'enfant de Metlili. “Oui, je parle de Benbitour et je l'assume !" “Nos élus nous avaient alerté que Benbitour voulait parler aux jeunes depuis un certain temps déjà", a-t-elle accusé. Reprenant quelques passages de l'entretien, Louisa Hanoune s'interroge sur certaines affirmations de l'ex-Chef du gouvernement. “Il est devenu le médecin de Bouteflika, tuteur de nos consciences et du peuple. Et il appelle à des pressions extérieures." Dans l'entretien, Ahmed Benbitour a invité le président Bouteflika à renoncer à un autre mandat, notamment en raison de ses soucis de santé. Mais pour le PT, le nombre de mandats ne pose pas problème. Comme au Venezuela, Mme Hanoune préconise la révocabilité. Autre cible qu'elle accuse de “pêcher en eau trouble", mais qu'elle évite de nommer : le FFS. “Y a un parti qui m'étonne par la duplicité de son discours : au sein de la direction, on parle de l'unité nationale et à la base, on attise la division", dit-elle. Mais de façon globale, le vent de colère qui souffle sur les villes du Sud, s'il révèle des problèmes légitimes, n'en échappe pas moins à la manipulation et aux manœuvres à des “fins obscures", soutient l'ex-candidate à l'élection présidentielle. “Y a des manœuvres de certains cercles pour des desseins obscurs. Des ONG, comme Freedom House ou NED (National Endewment for democraty), financées par la CIA, ont des éléments dans plusieurs pays et essayent d'infiltrer les mouvements pour les détourner de leurs objectifs. Il y a des personnes qui, sous le couvert des droits de l'Homme, ont des desseins obscurs. Il y a aussi des hommes d'affaires", a-t-elle accusé. “À Ghardaïa, ça ne date pas d'aujourd'hui et à Laghouat, il y a même des slogans politiques. Les cercles qui ont proposé à ce que la population de Laghouat ne paye pas la facture d'électricité veulent le démembrement du pays", a-t-elle ajouté. Invitée à préciser l'identité de ces cercles et de ces personnes, Mme Hanoune s'est contentée de répondre : “Moi je vous ai donné des indices, c'est à vous, journalistes, d'enquêter. Nous, on les connaît. Je sais que deux Algériens, formés par les Américains, sont venus d'Egypte et étaient dans la manifestation de Ouargla." Evoquant l'instruction d'Abdelmalek Sellal destinée à résorber le chômage dans le Sud, Mme Hanoune a estimé “nécessaire la révision du fonctionnement de l'Anem". Elle a également appelé le gouvernement à prendre en compte les propositions faites par l'UGTA à Laghouat. “Oui à la discrimination positive au Sud, mais il faut déclencher un processus sérieux pour une rupture avec les politiques de bricolage", a-t-elle préconisé. Selon elle, la situation d'aujourd'hui est “la conséquence de l'absence d'un ministère de la Planification", et révèle que “les mesures de 2011 n'ont fait que différer les explosions". Autres propositions pour endiguer le chômage : “Combler le déficit dans l'administration capable de créer un million d'emplois et l'ouverture des entreprises publiques." Temmar et Khelil doivent être jugés et emprisonnés Interrogée pour savoir si elle était satisfaite du traitement par la justice du dossier Sonatrach, Mme Hanoune a jugé nécessaire de “hâter la procédure judiciaire". Elle ne manque pas de rappeler que son parti a été le premier à réclamer la tête de certains ministres. “Khelil et Temmar doivent être jugés et emprisonnés", a-t-elle estimé. Par ailleurs, Mme Hanoune a dénoncé “les investissements du Qatar", accusé d'être le bras armé des Etats-Unis. “On n'a pas besoin des investissements du Qatar, ils sont empoisonnés." “S'ils viennent à acheter nos clubs, sauve qui peut." Hostile à la peine de mort qu'elle qualifie de “barbarie", Mme Hanoune a ironisé en disant que “si elle donnait des résultats, on l'aurait vu au Soudan, en Arabie Saoudite et aux USA". Enfin, tout en appelant à “un débat urgent sur la situation du pays à l'APN", la porte-parole du PT a mis en garde contre le chaos. “Soit nous avons les capacités de régler nos problèmes de nous-mêmes, ou alors nous nous orientons vers le chaos. La patience a ses limites. Nous sommes entrés dans une zone de hautes turbulences." K K