Marqué sous le signe de la dignité, le Forum social mondial s'est clôturé samedi. Plus de quinze mille personnes, selon la police, ont marché samedi dans une ambiance festive, clôturant ainsi le 12e Forum social mondial (FSM), rassemblement annuel d'altermondialistes, placé sous le signe de la Palestine et du printemps arabe. “Terre, liberté, dignité", “libérez Gaza", “Non à l'occupation" ont scandé les manifestants dans une marche dédiée à la “Journée de la terre" qui commémore chaque 30 mars la mort, en 1976, de six Arabes israéliens lors de manifestations contre la confiscation de leurs terres par Israël. “Nous marchons pour faire respecter les droits des Palestiniens à la libre circulation, par terre et mer, contre le blocus imposé à la bande de Gaza", a dit David Heap de l'ONG GazaArk. “Je crie haut et fort liberté et justice pour les Palestiniens", a renchéri Daniela Nicholo, une militante italienne, agitant une écharpe aux couleurs palestiniennes. Drapeaux de tout pays et keffieh, la foule s'est rassemblée place du 14-Janvier, sur l'avenue Habib-Bourguiba, pour défiler sur quatre kilomètres jusqu'à l'ambassade de Palestine, située au quartier huppé à Menzeh 7. Canadiens, Français, Américains marchaient aux côtés de responsables gardés du Hezbollah libanais, d'opposants tchadiens, de Syriens manifestant “pour la révolution syrienne et la résistance en Palestine". “Nous avons tenu à participer au Forum social mondial qui s'est concentré sur une question fondamentale, en l'occurrence la cause palestinienne", a dit Ali Fayadh, député et chef de la délégation du Hezbollah. Brandissant des portraits de dirigeants palestiniens assassinés, des étendards noirs des salafistes tunisiens ou rouges de l'extrême gauche, les manifestants ont crié leur hostilité à la normalisation des relations entre Israël et les Etats arabes, revendication émanant également d'une “assemblée générale commune de Palestine" au FSM. Les femmes ont aussi manifesté pour l'égalité et contre le retour de régimes autoritaires avec l'arrivée au pouvoir des islamistes après la chute des dictatures dans la foulée du “Printemps arabe". Un syndicat étudiant de gauche a indiqué qu'il “boycottait" le forum en raison de la présence de participants venus d'Israël, et des Syriens pro-Assad se sont opposés à des partisans de la rébellion. En revanche, aucun incident majeur n'a été signalé durant l'édition qui a rassemblé pendant cinq jours quelque 30 000 personnes autour de 1000 ateliers sur une multitude de thèmes. Les processus révolutionnaires, guerres civiles, migration, marginalisation, condition des femmes et islam politique étaient néanmoins au centre des débats du FSM qui se veut le pendant du Forum de Davos, la réunion annuelle du gratin économique et politique mondial. Les Tunisiens, du moins une partie – beaucoup étaient insensibles et dubitatifs –, ont rappelé qu'ils étaient eux aussi confrontés à de graves difficultés sociales et économiques et à l'émergence de l'extrémisme, portant des portraits de Chokri Belaïd dont l'assassinat, le 6 février, a provoqué des violences et plongé la Tunisie dans une crise. “La Tunisie a réalisé la liberté et persévère pour accomplir la dignité à travers le développement et la justice sociale", a dit le chef du gouvernement à l'adresse des participants au FSM lors d'une cérémonie offerte samedi soir au palais Edhiafa à Carthage. Saluant l'organisation par la Tunisie de ce grand rassemblement, M. Laârayedh a indiqué que le Forum social mondial a “fait de Tunis la capitale du monde entier durant toute une semaine". I. O.