Le parquet égyptien a entendu, hier, le célèbre animateur de télévision satirique Bassem Youssef, qui fait l'objet de plaintes pour insultes à l'islam et au président issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi. M. Youssef, dont l'émission satirique “Al-Bernameg" (“l'émission"), inspirée du “Daily Show" américain de Jon Stewart, tourne en dérision les figures politiques du pays et n'épargne ni le président ni les Frères musulmans, a continué à se moquer des autorités lors de son arrivée au parquet. Le cardiologue reconverti en humoriste s'est frayé un chemin à travers la foule de partisans venus le soutenir et de journalistes, avec sur la tête un chapeau démesuré, imitation d'un couvre-chef que M. Morsi a porté lors d'une visite au Pakistan mi-mars. Il a également continué à publier des commentaires ironiques sur son compte Twitter durant son interrogatoire. “Les officiers (de police) et les magistrats du parquet veulent se faire prendre en photo avec moi. Peut-être est-ce la raison pour laquelle j'ai été convoqué ?", a-t-il ainsi écrit. Samedi, le procureur général avait ordonné l'arrestation de M. Youssef, après le dépôt de plusieurs plaintes contre lui en raison de son émission satirique. Accusé d'offense à l'islam pour s'être “moqué du rituel de la prière" et d'insulte envers M. Morsi pour avoir “raillé son image à l'étranger", selon des sources judiciaires, l'humoriste a rejoint les rangs des journalistes visés par des plaintes pour insultes au président. Cette augmentation du nombre de procédures engagées contre des journalistes a mis en question l'engagement de M. Morsi sur le respect de la liberté d'expression, une revendication-clé du soulèvement populaire qui avait provoqué la chute de l'ancien président Hosni Moubarak en 2011. Des partisans de M. Youssef ont pris sa défense sur les réseaux sociaux, plusieurs figures de l'opposition dénonçant une tentative d'intimidation. “Les efforts pathétiques pour étouffer la dissidence et intimider les médias sont les signes révélateurs d'un régime vacillant qui se sent acculé", a ainsi affirmé Mohamed ElBaradei, l'une des figures de proue de l'opposition. R. I./Agences