Il ne faut surtout pas être grand clerc pour comprendre que c'est le coordinateur de l'équipe de football du MC Alger, Omar Ghrib, qui est derrière le gros tifo sur lequel on pouvait lire : “Le peuple du Mouloudia veut un quatrième mandat pour le président Bouteflika". Organisatrice de la rencontre de Coupe d'Algérie contre le CSC, la direction du doyen a pleinement souscrit, pour des raisons évidentes, à une telle manifestation à caractère politique d'autant plus que le tifo était porté par des chercheurs de balles du MCA, habillés par l'équipementier du MCA. Depuis que les pouvoirs publics ont décidé de sauver le Mouloudia de la faillite avec une opération de rachat par Sonatrach, il était devenu clair que Ghrib allait accomplir un rôle politique en perspective des prochaines échéances électorales, notamment la présidentielle de 2014. Il en sera de même pour le CSC, le MCO et la JSS, passés également sous le joug de Sonatrach au nom d'une décision politique venue d'en haut. Il faut rappeler à ce titre qu'au début des négociations avec Sonatrach, Ghrib ne s'était pas gêné pour remercier publiquement... le président Bouteflika pour une telle offrande. Ce n'est du reste pas la première fois que des clubs sont instrumentalisés à des fins politiques, et il est certain que la FAF fermera les yeux sur des manifestations que les règlements généraux interdisent pourtant. Du point de vue de la réglementation, le MCA est passible de sanctions mais ne vous attendez surtout pas à ce que Kerbadj vienne fourrer son nez dans ce bourbier politique. Il risquerait sa tête tout simplement. Pas même Mohamed Raouraoua et encore moins le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, qui, il n'y a pas si longtemps, s'évertuait lamentablement à battre en brèche la thèse d'un Etat repreneur de clubs, soutenant mordicus que “c'est Sonatrach qui a décidé souverainement de reprendre les quatre clubs" cités plus haut. En vérité, Ghrib et Tahmi jouent le même rôle, celui de mettre le sport au service des politiques. C'est leur mission principale, primordiale, avant celle de faire sortir le sport de sa léthargie. D'ailleurs, l'instrumentalisation du sport à des fins politiques n'est pas un fait inédit en Algérie. Que ce soit au niveau local ou national, dans le cadre d'échéances électorales, les stades de football, notamment, ont de tout temps constitué un véritable baromètre pour jauger la popularité des candidats. C'est souvent aussi le bastion du mécontentement populaire comme cela a été lors des prémisses des événements d'octobre 88. Par la force des choses, et en l'absence des canaux d'expression libres, le stade est devenu une sorte de défouloir, un terrain de contestations et de revendications pour la jeunesse algérienne avide de démocratie. En quête de popularité, le sport demeure du reste le meilleur tremplin pour la notoriété. C'est ainsi que beaucoup de dirigeants de clubs ont investi l'arène politique après avoir fait leurs classes... dans le mouvement associatif sportif, alors que d'autres sont devenus ministres et même ambassadeurs grâce aux services rendus dans le sport de masse. L'actuel ministre de la Jeunesse et des Sports n'est autre que l'ex-président de la Fédération algérienne de handball, de même que bon nombre de députés dans l'actuelle APN, à l'instar d'Abdelkrim Medouar, sont issus du monde sportif. D'autres, en revanche, comme l'ex-président de l'ESS abdelkrim Serrar, battu à plate couture lors des élections législatives, ont vu aussi leur carrière de dirigeant sportif tourner court. S. L.