Son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, doit se rendre à Bamako ce week-end pour “surveiller" la mise en place par les autorités maliennes de transition du processus de réconciliation. Même si le président socialiste français n'a pas arrêté d'affirmer que “le temps où la France désignait les chefs de l'Etat en Afrique est révolu", avec insistance depuis le 11 janvier lorsqu'il a déclenché l'opération “Serval" contre les djihadistes qui menaçaient d'investir la capitale malienne, à partir du nord Mali qu'ils avaient mis sous leur coupe au lendemain d'un coup d'Etat à Bamako en mars 2012, la France suit donc de très près le processus politique en cours au Mali. François Hollande, il faut se garder de l'oublier, a lui-même donné la feuille de route de la riposte contre les djihadistes qui ont proliféré dans le Sahel saharien. Une feuille de route qui comporte également un axe politique lequel, sur ce chapitre, converge avec la position de l'Algérie, position partagée par l'ONU et l'Union africaine. Son intervention militaire suspectée d'entreprise colonialiste, François Hollande devait rapidement mettre l'accent sur la nécessité d'accompagner la marche de ses forces spéciales par des mesures politiques. François Hollande a rappelé dans sa dernière allocution télévisée en France : “Il y aura des élections à la fin de juillet. Nous serons intraitables sur le sujet." Façon de rafraîchir les mémoires aux autorités provisoires de Bamako et à la classe politique malienne en général. Laurent Fabius n'y est pas allé par quatre chemins pour se dire “très attentif" aux nominations du président et des deux vice-présidents de la Commission dialogue et réconciliation (CDR) récemment créée par le président malien par intérim, Dioncounda Traoré. Il l'a fait savoir publiquement, qualifiant la mesure d'“étape importante vers la réconciliation politique au Mali". “Ce processus constitue, avec les élections, le complément indispensable de l'action de la communauté internationale pour la sécurité et le développement du Mali", a-t-il souligné, annonçant sa visite prochaine à Bamako pour rencontrer les principaux responsables de la transition. Selon le gouvernement malien, la Commission dialogue et réconciliation, composée de 30 membres, a pour mission de “rechercher, par le dialogue, la réconciliation entre toutes les communautés maliennes", de “recenser les forces politiques et sociales concernées par le processus de dialogue de réconciliation" dans le pays déchiré par des attaques islamistes contre l'armée malienne, entre janvier et mars 2012, suivie d'une occupation pendant plusieurs mois du vaste Nord par les groupes armés d'Aqmi, Mujao et Ansar Dine, incluant au tout début des rebelles touareg. Par la suite, ces groupes se sont repliés sur l'Adrar des Ifoghas, aux frontières avec l'Algérie et le Niger, où les forces françaises les traquent avec l'appui du contingent tchadien. La réconciliation entre toutes les communautés maliennes n'ira pas de soi, au vu des contre-offensives islamistes, comme à Tombouctou où, après un nouvel attentat suicide, les islamistes se sont frottés aux soldats français. La guerre contre l'islamisme armé est certes asymétrique, la France a effectivement “cassé les reins" des djihadistes, pour reprendre l'expression-bilan du ministre français de la guerre, mais les capacités de nuisance de ces derniers ne sont pas pour autant réduites. Les djihadistes, qui ont échappé aux feux roulants de l'opération “Serval", se sont rasés de près et se sont noyés au sein des populations, pour, tout porte à le penser, reprendre leur djihad sous forme d'attentats kamikaze et de guérilla urbaine. D'où l'annonce de la France de se retirer au plus tôt, laissant la tête des opérations à une force onusienne qui assimilera celle africaine de la Misma qui n'est toujours pas opérationnelle. François Hollande craint un bourbier malien, et ses concitoyens ne sont plus fascinés par son entreprise qui a replacé la France dans la cour des grands. Le locataire de l'Elysée a été vite rattrapé par les problèmes franco-français. Sa chute aux enfers dans les sondages ne s'est pas arrêtée, malgré ses fulgurants succès contre l'islamisme armé. D. B