Enfant de la ville de Hiroshima et issu de la nouvelle génération, Akira Tashiro, journaliste au quotidien régional de Hiroshima, le Chugoku Shimbun, s'est spécialisé depuis plusieurs années dans les dossiers en rapport avec les armes nucléaires et les dégâts qu'ils provoquent sur les personnes qui en sont touchées. M. Tashiro a réalisé une série de reportages sur le problème de l'uranium dégradé dans le monde, notamment dans les cas des guerres du Golfe et du Kosovo, et intitulée patrimoines négatifs de l'humanité, qui lui a valu le prix de la JCJ, la plus haute distinction journalistique attribuée par une grande université japonaise. Le journal pour lequel il travaille a publié plusieurs ouvrages contenant des compilations d'articles et de reportages réalisés par les journalistes. Un certains nombre de ces écrits concernent les témoignages de survivants de l'explosion de la bombe atomique de 1945. Si le journal s'est investi dans ce domaine, c'est qu'il a payé lui aussi un lourd tribu lors de cette attaque à l'arme nucléaire contre Hiroshima Plus de cent employés du quotidien, dont beaucoup de journalistes, y ont péri. A la fin de la guerre, le journal, a rejoint le grand mouvement pacifiste japonais né après les événements, et s'est engagé dans la voix de la paix en appelant au désarmement au Japon et dans le monde. “Nous faisons pression sur le gouvernement japonais à travers nos éditoriaux pour qu'il oriente sa politique dans cette direction”, souligne Akira Tashiro, qui révèle que le Japon possède pas moins de 52 centres nucléaires et “ne sut pas quoi faire avec les énormes déchets qui en découlent”. Notre interlocuteur, rencontré au siège du Chugoku Shimbun à Hiroshima, indique qu'il existait il y a quelques années dans le monde environ 70 000 têtes nucléaires, réduites aujourd'hui à 30 000 seulement grâce au combat que mènent les mouvements pacifistes. Il nous a, par ailleurs, appris qu'un Algérien victime des essais nucléaires français en Algérie avant l'indépendance a fait le déplacement dernièrement au Japon pour témoigner sur les dégâts humains que ne cessent de causer ces essais sur les populations des régions environnantes. H. S. Hiroshima avant le bombardement • Au cours de la période précédant le bombardement, Hiroshima fut une ville très prospère, connue pour abriter de prestigieuses écoles et d'importantes installations militaires. Située sur un magnifique delta fortement boisé, surplombé par une montagne et traversée par une multitude de rivières qui finissent dans la mer, la ville revêtit une importance stratégique certaine. Entre les années 20 et 40, les industries lourdes, notamment militaires se développent de manière très forte, donnant à Hiroshima la réputation de ville garnison. Au moment du bombardement, la population d'Hiroshima avoisinait les 350 000 habitants. H. S.