De retour de Tunis où ils ont pris part au Forum social mondial, des militants et des syndicalistes ont organisé, hier, un point de presse à Alger pour revenir sur cet événement et, surtout, l'empêchement par les autorités algériennes de près d'une centaine de militants de faire le déplacement à Tunis. Invités à participer au Forum social mondial (FSM) qui s'est tenu, pour rappel, la fin du mois écoulé en Tunisie, plusieurs militants et syndicalistes algériens avaient été, en effet, refoulés à la frontière algéro-tunisienne par les autorités. D'autres militants, à l'instar de ceux du Snapap et du Congrès mondial amazigh (CMA) ont été interdits d'embarquer à l'aéroport international Houari-Boumediene, sous prétexte qu'ils avaient pris des billets d'avion Tunis Air. C'était le cas de Hocine Azem, membre du CMA Algérie, qui a fait l'objet d'un long interrogatoire le jour même de son voyage en Tunisie. La mésaventure des altermondialistes algériens n'en finit pas puisque même ceux qui ont pris la route vers le voisin de l'Est ont été bloqués à la frontière. Selon un groupe d'associations qui a signé une déclaration de dénonciation, plus de 96 personnes ont été bloquées aux postes frontaliers de Ras Laâyoun et d'Oum Tboul. Les militants présents racontent que le commissaire de police algérien avait, au début, laissé passer les bus, croyant, ajoutent-ils, que “c'est une caravane touristique qui se rendait à Tunis". Quelque temps après, le commissaire en question, “sans doute" briefé par ses supérieurs, demande à ses collègues tunisiens de bloquer le bus qui était, précisent les présents, “au poste de contrôle". Entre-temps, il avait appris le but de cette caravane en recevant des instructions des autorités algériennes de les refouler. “Des ordres reçus d'en haut", soulignent-ils. Ils ajoutent que ces militants, victimes de cette décision, ont pris la route vers Tunis après l'obtention d'une autorisation d'entrée sur le territoire tunisien. Pour ces militants, le pouvoir algérien, par ces pratiques d'un autre âge, “a démontré à quel point il est allergique à toute opposition démocratique". Ils ajoutent que le pouvoir “a préféré envoyer une délégation maison par avion pour représenter faussement les luttes sociales et démocratiques en Algérie". Les représentants de RAJ, du CLA, du Snapap et de l'association Tarwa Fadhma-n'Soumer qui ont animé le point de presse ont tenu à dénoncer ces pratiques et rapporter à l'opinion publique la mésaventure de leurs camarades. Au cours des débats, ils sont revenus aussi sur les objectifs de leur participation, indiquant que le fait de lier des contacts avec d'autres mouvements sociaux activant dans d'autres pays “est en soi un avantage". Abordant la situation en Tunisie après le chute du régime de Ben Ali, ils assurent que “le pays vit en harmonie", et que “les Tunisiens sont fiers de leur œuvre", en dépit de la montée inquiétante, faut-il le préciser, des islamistes. Pour ces militants algériens, l'expérience tunisienne “est un nouveau souffle de consolidation de la construction démocratique dans la région". Ils ont assuré, par ailleurs, que plus de 40 000 personnes étaient présentes en Tunisie. La tenue de ce forum en Tunisie est en soi une preuve de la dynamique sociale de cette société que d'aucuns assimilent “à une société gagnée par les archaïsmes que prônent les islamistes". Selon Ourida Chouaki, de l'association Tarwa Fadhma-n'Soumer, une proposition pour la tenue en Algérie d'un forum thématique sur la Palestine est en débat. M M