Plus de deux mois après la destitution de Belkhadem, les voix dissonent au sein du FLN. Le premier consensus, qui devait déboucher sur la remise dans l'ordre “organique" du parti, s'est vite évaporé avec la disparition de Bouhara. Depuis, c'est la torpeur sur fond d'échanges d'accusations entre les différents camps. Même leur littérature semble avoir pris le ton de ces échanges qui dénotent d'un malaise et d'un marasme qui commencent d'ailleurs à agacer plusieurs cadres du parti. “C'est le délitement", conclut un membre du comité central désabusé par cette situation indicible dans laquelle est plongé le parti. Et pour éviter que les choses empirent, beaucoup de membres du CC font un forcing pour la convocation d'une session extraordinaire afin d'élire un nouveau secrétaire général. Notre interlocuteur pense que la session se tiendra d'ici la fin du mois, d'autant plus que, selon lui, un petit consensus a été dégagé sur le successeur de Belkhadem sans pour autant qu'il soit définitivement acquis qu'il lui succède. Une fois la session convoquée, les candidats feront leur mini-campagne pour essayer de convaincre les membres du CC de voter pour eux. Pour l'instant, il n'y a aucune candidature officielle malgré les noms “virtuels" avancés par chaque camp. Alors que certains soutiennent et font “campagne" pour l'ancien président de l'APN, Amar Saïdani dont l'image estiment d'autres, n'est pas porteuse auprès des membres du CC — on peut faire l'économie de sa candidature, indique un député membre du CC —, d'autres continuent d'espérer le retour de Belkhadem qui n'a pas, de son côté, chômé. Ce qui a réveillé ses partisans et leurs arguments sur la possibilité qu'il se représente puisqu'aucun texte du parti ne l'en empêche. Mais les choses ne semblent pas être tranchées. Car, parmi les candidats “virtuels" avancés, certains ont d'ores et déjà, annoncé, selon des indiscrétions, qu'ils ne sont pas intéressés. Alors que les autres, des ballons-sondes, selon certains, ne sont même pas sûrs de figurer sur la liste définitive avant la course. Au parti, on indique que les choses évoluent, mais doucement. “Ça se mijote", a indiqué le porte-parole du parti. Sans donner de détail sur les consultations entamées par Belayat ou la date de la tenue de la session du CC. Les conditions pour aller vers cette session commencent à se réunir, a estimé, pour sa part, le député et membre du BP, Abdelhamid Si Affif. Pour lui, “rien ne peut expliquer le blocage actuel ou le changement de direction". L'essentiel, selon lui, est dans le respect de l'urne et qu'on “ne peut pas passer à côté de cette pratique démocratique". Réfutant l'existence d'un consensus, et quand bien même il y en a un, “il faut le conforter par la légitimité des urnes", a-t-il indiqué. Il s'appuie également sur “les engagements" internationaux du parti (adhésion à l'Internationale socialiste, certainement) comme obligation de consacrer la pratique démocratique interne. Il a regretté que le FLN soit resté en dehors de tout ce qui se passe dans le pays. “Les événements du Sud, la présidentielle... il n'est pas logique et il est inacceptable qu'il soit en marge des débats", a-t-il souligné. Il a également regretté que des cadres continuent d'activer en dehors des structures du parti, les invitant à présenter leur candidature et accepter la sanction de l'urne. Pour ceux qui manœuvrent, il a lancé : “Les membres du CC ne sont ni à vendre ni à acheter". Et de faire un clin d'œil à la deuxième génération du parti à laquelle “on n'a pas le droit de tourner le dos". 80% des membres du CC ont moins de 60 ans et plus de 60% ont moins de 50 ans et la plupart sont des universitaires et des diplômés. Raison pour laquelle, il réclame à ce qu'on laisse la place à cette génération. Echo contradictoire du côté du mouvement de redressement qui accuse Belkhadem de continuer à “semer" la zizanie dans les rangs du parti afin de pouvoir revenir à sa tête. Mohamed-Seghir Kara, porte-parole du mouvement, estime que le bureau politique est dissous de facto après la destitution de Belkhadem. Autrement dit, le mouvement n'est toujours pas satisfait et considère que les choses n'ont toujours pas atteint le stade de la normalité pour aller vers cette session. Retour à la case départ avec des prolongations qui ne semblent à première vue ne bénéficier à aucun camp. Ce qui va placer le FLN bien loin des débats actuels et futurs autour de questions sensibles et très importantes alors qu'il dispose de la majorité dans les assemblées élues. Paradoxal ! D B Nom Adresse email