Le président kényan Uhuru Kenyatta est entré en fonction alors qu'il est sous le coup d'une mise en examen de la Cour pénale internationale (CPI). Ce qui pose la question de ce tribunal, destiné qu'aux pays du tiers monde, à voir les procès qu'il a intentés jusqu'ici. Les Kenyans l'ont compris car ils ont voté pour le fils du père de leur indépendance, dans le calme, en contraste avec le bain de sang du précédent scrutin, il y a 5 ans. Après la présidentielle du 4 mars, ils espèrent qu'Uhuru Kenyatta tiendra sa promesse d'être le président de tout le peuple et pas seulement celui de son groupe ethnique, les Kikuyu, le plus important du pays. Les Kényans attendent également de leur nouveau chef d'Etat, ancien ministre de Finances, dont la famille contrôle un empire économique florissant, qu'il ramène dans le pays une croissance plus soutenue. D'ailleurs, mêmes les pays occidentaux ont fait un pied de nez à la CPI, regardant d'abord leurs intérêts importants dans ce pays de l'Afrique de l'Est qui joue un rôle essentiel pour la stabilité régionale, notamment en participant à la lutte contre les islamistes affiliés à Al-Qaïda présents en Somalie voisine. Les chancelleries occidentales ont toutes assisté à la cérémonie de prise de fonction du président poursuivi par la CPI, et toutes étaient restées en contact avec son staff de campagne pour faire aujourd'hui antichambre devant son bureau présidentiel ! L'ambassadeur des Etats-Unis, Robert Godec, a rencontré le nouveau président la semaine dernière, et des ambassadeurs européens ont présenté des demandes d'audience. Les Etats-Unis et plusieurs Etats européens présents à l'investiture populaire dans le grand stade de Nairobi, représentés au niveau de leurs ambassadeurs, ont déclaré n'avoir que des “contacts essentiels" avec les inculpés de la Cour pénale ! De l'hypocrisie pure quand on sait qu'Uhuru Kenyatta et son vice-président sont poursuivis par la justice internationale pour “crimes contre l'humanité" en raison de leur rôle présumé dans les violences qui avaient suivi le précédent scrutin présidentiel. Les Occidentaux ne veulent pas laisser le champ libre à la Chine et aux autres pays asiatiques. Leurs ambassadeurs ont claironné avoir échappé à un autre moment difficile : le président soudanais Omar Hassan al-Bachir, inculpé de génocide à La Haye et sous le coup d'un mandat d'arrêt international, était absent. Uhuru Kenyatta et son vice-président William Ruto ont promis de collaborer avec la CPI afin de se disculper d'accusations qu'ils nient. Nom Adresse email