Mars 2013, la Fédération nationale des associations des personnes handicapées moteurs, qui regroupe soixante associations au niveau national, dénonçait le problème de la non-disponibilité de l'appareillage pour personne handicapée à l'Office national d'appareillage et d'accessoires pour personnes handicapées (Onaaph). Soulignant “une mauvaise prise en charge à l'Onaaph", la fédération propose l'élargissement de la signature de la Caisse nationale d'assurances sociales (Cnas) aux opérateurs privés. Une demande appuyée par les praticiens privés spécialisés dans la prothèse auditive qui ne s'expliquent pas un monopole de fait doublement imposé et par l'absence d'une convention avec la Cnas concernant le remboursement des prothèses auditives et par l'obligation insidieuse faite à ces mêmes opérateurs de se référer aux produits importés par l'Onaaph. “On est doublement pénalisé parce qu'on nous refuse de signer une convention avec la Cnas, ce qui n'est pas le cas pour l'Onaaph, mais on nous oblige aujourd'hui, officieusement, à nous aligner sur les références des produits qu'achète ce dernier en demandant aux assurés sociaux malentendants de produire des devis alignés sur les références des produits de l'Onaaph", nous dira un spécialiste dans le secteur, responsable d'un centre spécialisé dans l'appareillage des malentendants. Cette tendance tend à se généraliser et pénalise fortement les assurés sociaux et les privés spécialisés puisque de nombreux cas sont signalés par des malentendants qui se voient refuser des devis proposés par des centres privés sous prétexte qu'il n'y est pas mentionné les références avec lesquels travaillent l'office alors qu'aucune instruction officielle n'a été donnée dans ce sens. Il dénonce cette pratique qui “ne cherche qu'à mettre à terre le secteur privé qui pourtant offre une toute autre alternative aux personnes handicapées". En effet, si le fournisseur de l'office est le suisse Phonak, dont les prix sont jugés excessivement élevés, il est demandé aux privés de s'aligner sur les références de ce dernier et de fait on leur impose de pratiquer les mêmes tarifs. Un procédé qualifié de tentative de revenir au monopole déjà existant et que rejette énergiquement notre interlocuteur. “Pourquoi vouloir exiger de telles références à des prix allant jusqu'à 30 millions de centimes pour appareiller les deux oreilles alors qu'on peut avoir des appareils performants à 28 000 dinars". En effet, la gamme des produits proposés par l'Onaaph va de 33 401 DA pour une perte auditive légère à moyenne jusqu'à 150 300 DA l'oreille pour une perte auditive moyenne à sévère alors que les produits disponibles chez certains privés, plus appropriés pour le marché algérien, alliant solidité à la performance, sont plus accessibles et de fait n'alourdissent pas les factures de la Cnas qui coûtent à l'Etat plusieurs dizaines de milliards par an si ce n'est plus. “L'appareil doit répondre à certains critères exigés par le ministère de la Santé tels que la puissance, la solidité, la maintenance avec la disponibilité de pièces de rechange et de surcroît le fournisseur de l'opérateur doit être reconnu mondialement", explique notre spécialiste. Pourtant tout le monde s'interroge sur cette volonté manifeste de privilégier l'Onaaph, qui rappelons-le, avait pour mission première, lorsqu'il a été créé en 1988, la promotion de l'appareillage, d'appareiller les handicapés et d'aider à leur réinsertion par la création d'ateliers protégés et d'emplois en priorité pour les jeunes handicapés. Beaucoup d'appareilleurs privés, devant les problèmes vécus par l'office, ont investi le marché, mais sont freinés par la Cnas qui refuse de les conventionner. Un favoritisme qui ne doit pas avoir lieu, ajoute notre interlocutrice après l'ouverture du marché au privé. “Qu'on nous mette sur le même pied d'égalité avec l'Onaaph en signant des conventions avec la Cnas pour le bien de tout le monde à commencer par celui des malades et de l'Etat", dira, en guise de dernier mot, notre interlocuteur. S O Nom Adresse email