En raison de la grave situation que traversent, aujourd'hui, certains titres de la presse indépendante, les éditeurs des six titres ciblés ont tenu une conférence de presse, hier, au siège du Soir d'Algérie. Elle a été animée par les directeurs des quotidiens Liberté, Ali Ouafek, Benchicou du Matin et Belhouchet d'El Watan. Le directeur d'El Khabar qui a eu un malaise lors de son audition d'avant-hier au tribunal d'Alger ne s'en est pas encore remis et n'a pu donc prendre part à cette rencontre. Les journalistes présents ont appris que le directeur du Soir d'Algérie, Fouad Boughanem, le journaliste Kamel Amarni, ainsi que le chroniqueur Hakim Laâlam ont été interpellés au siège du journal par la police ensuite emmenés au commissariat central. Les conférenciers ont tenu à préciser que cette rencontre a pour but majeur d'alerter l'opinion nationale et internationale sur les dérives du pouvoir et le harcèlement sans précédent qui s'exerce sur des titres dont la ligne est jugée hostile au cercle présidentiel. “La police, la justice et les services des impôts sont mis en branle. Chaque semaine, il y a un groupe de journalistes qui est convoqué”, relève M. Ouafek. Les intervenants ont dénoncé la volonté du pouvoir d'humilier et d'abattre psychologiquement les journalistes. “Ce pouvoir continue de convoquer les journalistes à se présenter à la police alors que c'est le travail de la justice. On envoie la police judiciaire pour une personne qui ne se met pas à la disposition de la justice. Depuis 14 ans que je suis dans la presse indépendante, je n'ai pas connaissance d'un journaliste qui a refusé de répondre à une convocation de justice. De toutes les façons, le procureur reçoit un PV vide”, rappelle M. Belhouchet. Les conférenciers ont attiré l'attention sur le fait que cette nouvelle série d'attaques contre la presse est un pas de plus dans la stratégie du pouvoir de museler les journalistes à la veille de l'échéance présidentielle. “Ce pouvoir reprend avec force son acharnement contre la presse en espérant en faire une ENTV bis. Je pense qu'il a attendu d'avoir un espace politique favorable surtout avec la remise en cause du préalable des archs par rapport à l'arrêt des harcèlements contre la presse”, de l'avis de Benchicou. De son côté, Malika Boussouf, directrice de la rédaction du Soir d'Algérie, a minimisé l'impact que pourraient avoir sur la corporation les pressions et les intimidations du pouvoir. Considérant que la presse a longtemps résisté avec bravoure au terrorisme en perdant des dizaines de journalistes, elle est, aujourd'hui, capable de faire face à cette nouvelle montée de l'intolérance. Les éditeurs ont déjà pris contact avec des instances internationales, à l'exemple du parlement européen et des ONG et les ligues des droits de l'Homme. Une réunion est prévue prochainement pour décider d'autres actions à mener. M. B.