Une importante délégation du Parlement sahraoui est arrivée avant-hier à Alger, sur invitation de l'Assemblée nationale (APN) et du Comité algérien de solidarité au peuple sahraoui. C'est la première fois qu'une telle délégation est conduite par son président, Mahfoudh Ali Beïba, également membre de la direction nationale du Front Polisario. Cette visite intervient à la veille de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, qui se penchera particulièrement sur la réponse du Maroc concernant le “plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental”, plus connu sous le nom de plan Baker. Elle survient le jour même de la marche européenne devant le “mur défensif” séparant les forces marocaines et sahraouies, qui a été organisée dans le territoire de la Rasd (République sahraouie) libéré par le Polisario. Lors d'une conférence de presse qu'il a animée, hier, au siège de l'ambassade de la Rasd en Algérie, aux côtés de MM. Omar Mansour et Mahrez Lamari, respectivement wali d'El-Ayoun (camp de réfugiés sahraouis) et président du comité national de solidarité avec le peuple sahraoui, M. Ali Beïba a clairement signifié que les Sahraouis attendent des signaux forts de la part du Conseil de sécurité. Il a aussi exprimé les préoccupations des autorités sahraouies devant l'attitude marocaine, craignant une réédition du manège des obstructions, comme cela a été le cas depuis la mise en œuvre du plan de paix initial en 1990/1991. “Nous ne pouvons plus accepter de nouveaux reports. Ce sera la dernière fois”, a-t-il déclaré, en commentant le rapport du secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan. Ce dernier a, pour rappel, demandé dans son rapport du 19 janvier dernier au Conseil de sécurité de prolonger le mandat de la Mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso) jusqu'au 30 avril prochain, laissant ainsi un nouveau délai de réflexion de près de trois mois au royaume alaouite pour qu'il accepte enfin le plan Baker. “Il était question que les parties donnent une réponse rapide. Nous l'avons fait mais pas le Maroc. Tout report dans l'application du plan de paix signifie une prolongation des souffrances des Sahraouis”, a ajouté le président du Parlement sahraoui, en faisant également part des difficultés alimentaires rencontrées par les réfugiés sahraouis, ainsi que de la “pression politique” exercée par des membres de l'ONG européenne Echo, dans le domaine humanitaire. Selon lui, le Conseil de sécurité, qui a associé dernièrement l'Algérie comme membre non permanent, doit adopter des mesures de sanction contre Rabat ou alors laisser les Sahraouis prendre leur responsabilité. De son côté, Mahrez Lamari a abordé la question des “mesures de confiance” initiées par l'Onu, pour rapprocher les deux parties en conflit, le Maroc et la RASD. “Pour moi, la meilleure mesure de confiance est que le Maroc rallie le consensus international autour de cette question”, a-t-il soutenu, en rappelant le caractère colonial du dossier sahraoui et l'adoption “à l'unanimité” de la résolution 1495 de juillet dernier, par le Conseil de sécurité, consacrant “le droit du peuple sahraoui”. H. A.