Résumé : Après un échange assez fructueux entre Katia et son enseignante, la conversation prend une autre tournure. De fil en aiguille, le père de Hadjira parle de sa famille et de ses enfants. Ils mènent tous une vie paisible et heureuse, mais ce qui les préoccupe le plus c'est l'avenir de leur fille. Bien qu'elle ait déjà pris les devants, en quittant la maison parentale et en s'installant dans son propre appartement, ils aimeraient la voir mariée et fonder une famille. Emu, Azad répondit d'une voix franche : -Tout l'honneur est pour moi... si je me permets. Je crois que vous pourrez être rassuré sur Hadjira. Elle est assez grande pour prendre son destin en main. Elle occupe un poste important, possède son propre appartement et semble sûre d'elle-même. -Oui. C'est la première impression qu'on pourrait avoir d'elle. Hélas ! Parfois les erreurs surviennent lorsqu'on ne les attend pas. Nous avons pensé à son avenir, sa mère et moi. Nous aimerions tant la voir mariée et heureuse avant de quitter ce monde. -Elle n'a peut-être pas trouvé chaussure à son pied. Je veux dire l'homme qui comblera ses désirs. Hadjira qui avait suivi la conversation en silence à l'instar de ses frères et de sa mère jugea opportun de s'immiscer : -Voyons papa. Tu ennuies Azad par tes propos. Pour cette première rencontre, je crois que tu en fais trop. Azad lève la main pour l'interrompre : -Laisse-le donc. Il me fait un si grand honneur en se confiant à moi. Je n'ai jamais ressenti cette complicité avec mon propre père. -Merci mon fils. Je voulais juste... Oh ! Je crois que j'en fais trop. Hadjira a raison. Azad sourit : -Allons donc... Je suis toute ouïe. Si je pourrais être d'une quelconque aide psychologique, n'hésitez pas. -Non... Je... Voilà : Hadjira refuse de se marier. La maman de la jeune femme toussote pour signifier à son mari qu'il devait être plus discret dans ses propos, mais ce dernier continue sur sa lancée : -Nous avons jugé opportun de lui présenter des gens intéressants, qui sauraient la rendre heureuse et combler le vide dont elle souffre. Oh, bien sûr, elle ne s'en plaint pas, mais nous sommes ses parents et nous nous inquiétons pour elle. -Papa ! Je crois que tu as bu trop de café. Arrête donc d'ennuyer Azad et de parler de moi comme si j'étais une grande absente. -Je veux juste reparler de ce projet qui me tient à cœur Hadjira. Je suis déçu par ton comportement. Azad est ton voisin et il est psychologue. Il comprendra donc notre motivation à moi et à ta mère, de te voir mariée et heureuse. -Même si le parti proposé ne m'intéresse pas ? Son père secoue la tête : -Justement, là est le hic. Je crois que tu ne peux pas saisir l'ampleur de notre désespoir, car le prétendant en question est prêt à accepter toutes nos conditions. Il soupire : -Je ne comprendrai jamais ton obstination à refuser tous les prétendants qui se présentent. Hadjira se tut et jette un coup d'œil furtif à Azad. Ce dernier avale une gorgée de café avant de lancer : -Les temps ont changé. Les gens aujourd'hui ne se marient plus comme avant. Je veux dire qu'ils sont un peu plus libres dans leurs choix. -C'est ce qu'on prétend. Mais la réalité est tout autre. Les parents reconnaissent au premier coup d'œil le bon ou le mauvais parti. Ils ressentent tout de suite les intentions et les objectifs des prétendants qui ne sont attirés que par leurs intérêts. C'est pour cela que nos aïeux choisissaient eux-mêmes leurs gendres et leurs brus. Ils n'avaient pas totalement tort. -Je suis tout à fait d'accord avec vous. Mais c'était une époque aussi. Une époque où les mœurs étaient tellement rigides que seul le chef de famille avait droit aux grandes décisions. Combien de victimes n'avait-on pas faites alors ? Il y a bien eu des fugues et des bévues, parce que parfois le choix des futurs époux n'arrangeait pas les premiers concernés dans l'affaire. Fayçal hoche la tête : -C'est vrai. Notre grand-mère n'avait cessé de nous parler de ces temps, trop durs, où les couples se formaient au gré des volontés patriarcales. Il y a eu beaucoup d'eau sous les ponts. Elle même était obligée de vivre des années durant avec un mari acariâtre et une belle-mère qui la malmenait sans pitié. Ce n'est qu'après la mort de ce premier mari qu'elle a pu épouser mon grand-père, qui se trouve être son cousin germain. On l'avait traitée de stérile lors de son premier mariage, alors qu'avec son deuxième mari, elle a pu avoir cinq enfants. -C'était le lot de leur temps. Pourtant, d'après certains récits, il y a eu tout de même des heureux. -Oui, ma grand-mère s'était sentie heureuse auprès de son deuxième mari, mon grand-père. Ils ont vécu ensemble durant de longues années. Lorsque Dieu l'avait rappelé à Lui, elle n'a pas cessé de le pleurer jusqu'à son dernier souffle. C'est ce que j'appellerais une fidélité. (À suivre) Y. H Nom Adresse email