Cinquante ans après l'indépendance, les interrogations et les enjeux autour de la place, du rôle et du devenir de l'entreprise algérienne, publique et privée, au sein de l'économie nationale sont toujours d'actualité. Le programme quinquennal 2010-2014 prévoit la mise à niveau de 20 000 PME et PMI avec environ 300 milliards de DA de crédits bonifiés. Aucun résultat significatif ne semble être enregistré jusqu'à présent, et le secteur industriel peine toujours à dépasser les 5% du PIB. A travers l'opération de mise à niveau, il s'agissait pour les pouvoirs publics d'atteindre deux objectifs. Promouvoir un outil de production en panne de productivité à l'interne et de compétitivité à l'externe, d'autant que notre éventuelle adhésion à l'OMC, sera accompagnée d'un démantèlement tarifaire, qui nous imposera une forte concurrence des entreprises étrangères. Dans le même temps, mettre en place les conditions de création de 3 millions d'emplois à l'horizon 2014. Avec une enveloppe d'environ 100 milliards de dinars, dégagée dans le cadre du plan en cours,16 milliards sont destinés à l'accompagnement de la création de PME, 80 milliards à l'appui au programme de mise à niveau des entreprises. En vérité, nous sommes loin du compte. La densification de notre secteur industriel demeure en berne – création moyenne annuelle de 40 000 PME--- nous situant loin par rapport à nos voisins. Par ailleurs, ces sommes investies dans la mise à niveau, tout particulièrement dans le secteur public, sont en vérité une forme de redistribution de la rente pétrolière et de maintien sous “perfusion" d'un secteur public économique archaïque, tant au plan du management, que de la formation de la ressource humaine et de la compétitivité. La mission qui semble lui être dévolue par les pouvoirs publics est l'absorption de l'emploi sans contrepartie productive pour préserver la paix sociale. Dans ce contexte, le FCE avait mis en exergue la discrimination par les décideurs, entre entreprise publique et entreprise privée. Cette dernière, selon cette organisation, est marginalisée au profit du secteur public marchand industriel. Celui-ci a bénéficié en 2010 et 2011, de six milliards de dollars pour sa réhabilitation sur une période de cinq ans( secteur de la manufacture dont les peaux et cuir, SNVI, ...) : le discours est double, relance et assainissement pour les grands groupes publics et mise à niveau pour les PME et PMI. Avec tous ces efforts, la stagnation de notre économie est toujours patente. Tour à tour, les acteurs économiques, les experts ainsi que des économistes de renom, ont délivré un message : l'Algérie doit impérativement diversifier son économie pour rompre avec la rente pétrolière et se diriger vers un nouveau paradigme économique afin d'assurer l'avenir des générations futures. Ainsi, de façon récurrente et depuis de nombreuses années déjà, les experts, les économistes, le patronat et même les partenaires sociaux, réunis dans plusieurs forums, ont tenté de diagnostiquer l'état de l'économie algérienne et de tirer la sonnette d'alarme quant à l'urgence de sa diversification en dehors des hydrocarbures. Ce fut notamment le cas lors du symposium organisé par le FCE qui a été tenu sous le slogan “De l'urgence d'une nouvelle politique économique moins dépendante des hydrocarbures". A travers la cinquantaine de propositions du FCE soumises aux autorités “pour jeter un regard rétrospectif lucide sur nos réussites et sur nos échecs, et réfléchir à la voie la plus sûre pour poursuivre avec succès le développement de notre pays sans risquer de rééditer nos erreurs passées", il est suggéré l'approfondissement des réformes, la restructuration de l'économie nationale ainsi que la refonte du mode de croissance en réunissant les conditions d'expansion du secteur privé. Il s'agit de réhabiliter l'entreprise, notamment privée, dans son rôle de locomotive du développement économique et dans son aptitude à créer des richesses. Et de prononcer une sentence : “l'expérience passée a montré l'inefficacité de cette politique qui a échoué dans les années 1970". Même si le constat est réel quant à l'incapacité de notre économie à créer de la richesse hors hydrocarbures et qu'un consensus s'est dégagé autour de la nécessité de mettre l'entreprise (publique et privée) au cœur du développement économique et social, il serait cependant hasardeux de jeter “le bébé avec l'eau du bain". Tout le monde se souvient de la fameuse phrase de Temmar, ancien ministre de la Privatisation et de la Promotion des investissements, au faîte de sa puissance, à propos des entreprises publiques, “de la quincaillerie" avait-il lancé. Mais qu'a-t-il proposé comme alternative ? La suite des événements est là, comme pour nous rappeler que rien n'est simple et que toute vision manichéenne, voire idéologique, ne constitue en rien une solution aux problèmes auxquels nous sommes confrontés. A. H. Nom Adresse email