Les 7es journées euromaghrébines de la communication publicitaire s'ouvrent ce matin à la salle Hassiba-Ben-Bouali, au centre EGT d'El-Hamma à Alger, sous le patronage du ministère de la Communication. Une occasion pour dresser un état des lieux d'un secteur important mais qui demeure encore méconnu en Algérie. Le marché algérien de la publicité affiche des perspectives réelles et prometteuses pour la prochaine décennie. Pour réaliser de tels objectifs, ce secteur doit, néanmoins, se défaire de la grande confusion qui le ronge depuis son ouverture. Son expansion a souffert d'un manque flagrant de régulation et d'organisation. L'absence d'une loi qui devrait régir ce domaine d'activité n'a pas été sans conséquences sur son évolution, laissant libre cours à toutes sortes d'abus. Les quelque 3 000 agences de communication recensées activent dans une anarchie totale. Les agents exercent ce métier pour des raisons purement pécuniaires que professionnelles. Des experts avouent que l'extension de cette activité vers les secteurs des assurances et des banques, des loisirs, de la culture et de la grande distribution et la croissance du pays, feront croître le marché de 15% pour atteindre un montant de 1,5 milliard d'euros. Ce qui lui conférera la place de leader dans la région du Maghreb. Dans le cas contraire, sa croissance moyenne sera établie à 5% avec une enveloppe qui avoisine les 405 millions d'euros seulement. Sans des garde-fous juridiques, le marché a fait du consommateur algérien une victime de publicité mensongère. D'où la responsabilité de l'Etat de réguler certains comportements et encadrer le marché publicitaire afin de réduire davantage la publicité mensongère, trompeuse et garantir à l'Algérien une protection contre ce fléau. Autre extravagance constatée est que cette corporation est dominée par des sociétés à capitaux étrangers qui s'en donnent à cœur joie à transférer les dividendes vers leur pays d'origine et autres. Ces agences ont réalisé des investissements presque insignifiants en Algérie, mais n'y trouvent aucun inconvénient à transférer annuellement des sommes importantes au titre des bénéfices concrétisés. La part du lion du marché leur revient à elles seules. Ces agences gèrent non seulement les gros budgets publicitaires de plusieurs entreprises privées algériennes, mais aussi de certains groupes publics ainsi que la plupart des grands groupes étrangers implantés en Algérie. L'autre pouvoir de l'argent ! L'Etat ne cache guère sa préoccupation quant à ce nouveau pouvoir de l'argent qui commence à s'imposer en maître dans le pays. Ce sont autant de questions qui seront certainement abordées au cours des 7es journées euromaghrébines de la communication et de la publicité qui seront organisées aujourd'hui à Alger, par la société RH International sous le patronage du ministère de la Communication. Dans le but de mettre un terme à cette invasion des temps modernes, les pouvoirs publics ont pris le taureau par les cornes. Des décisions n'ont pas tardé à tomber. À l'image des mesures prises par l'ex-Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, qui a exigé des investisseurs étrangers un partenaire national. Cette mesure constitue d'ores et déjà une première contrainte. Il est également question de réviser la loi sur les agences étrangères, et ce, en focalisant les efforts sur le contrôle de leurs activités. À cela, il y a lieu d'ajouter les textes de la loi de finances 2009 qui imposent une taxe de 15% sur les transferts de capitaux des sociétés étrangères implantées en Algérie. Lors de l'un des Conseil des ministres, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait instruit l'Exécutif de préparer les projets de lois relatifs à la publicité et aux sondages médiatiques. Il avait annoncé aussi la création d'une autorité de régulation des médias une fois la nouvelle loi sur l'information promulguée. Cette autorité aura pour mission de veiller au respect des principes consacrés par la liberté d'expression, de garantir un accès équitable des partis politiques aux médias audiovisuels et de concourir au respect de l'éthique et de la déontologie. Or, abstraction faite de cette annonce, aucune action n'a été entamée dans ce sens par les responsables concernés. L'anarchie règne en maître... Le mouvement associatif et syndical n'a, en outre, pas encore investi ce secteur qui a tant besoin de ce type de supports régulateurs. La naissance d'une union nationale pour regrouper les agences de publicité dans l'objectif d'organiser la profession et, par là même, le marché est d'ailleurs souhaitée par les professionnels. L'ex-ministre de la Communication, Nacer Mehal, avait pour sa part souligné à maintes reprises la nécessité de procéder à une révision globale des textes législatifs et réglementaires régissant le secteur de la communication. Il a affirmé que l'on ne pouvait remédier à l'anarchie qui règne dans ce secteur en l'absence d'un code de l'information, devant donner lieu à la promulgation d'une loi relative à la publicité. Ce texte prévoit un balisage qui bloquera l'invasion des forces de l'argent. L'autorité de régulation consacrée par le nouveau texte de loi constitue un “garant" à même de “protéger le champ audiovisuel contre toute forme de manipulation ou de dérapage", arguait-il. La future loi sur l'audiovisuel “va certainement clarifier les choses et imposer des garanties qui devront permettre au champ audiovisuel d'être à l'abri de toute manipulation émanant des capitaux", a-t-il renchéri. L'Algérie doit également consolider la mise en place du code ICC qui a servi de socle et de matériau aux structures d'autorégulation à travers le monde. Ces systèmes d'autodiscipline professionnelle ont suscité la confiance des consommateurs en leur garantissant une publicité honnête, conforme aux lois, décente et véridique, avec des procédures rapides et faciles d'instruction des plaintes en cas d'infraction constatée. En dépit d'un manque de statistiques fiables, des experts évaluent, cependant, ces derniers temps, le marché de la publicité dans notre pays à 250 millions d'euros, tous supports confondus notamment la presse écrite, audiovisuel et Internet avec une baisse de 10% pour l'achat des espaces en 2009. Les quelques chiffres avancés indiquent que 48% de la pub sont accaparés par l'Entv, de plus en plus bousculée par la chaîne maghrébine Nessma TV. La Télévision algérienne réalise 50% de son chiffre d'affaires pendant le Ramadhan où sont atteintes les meilleures audiences. Dans ce même média, l'année 2010 a été caractérisée par l'émergence des annonceurs du secteur agroalimentaire qui a réussi à détrôner celui des télécommunications. La presse écrite, qui compte environ 80 titres, seulement une douzaine d'entre eux génèrent une audience aux yeux des annonceurs qui les choisissent pour leurs campagnes publicitaires. Le reste des titres de presse se maintient plus ou moins avec les annonces légales. Les journaux ont encaissé, en 2010, des recettes publicitaires de l'ordre de 8 milliards de dinars, selon les experts. B K Nom Adresse email