Plus la facture du médicament augmente, atteignant les 3 milliards de dollars en 2012, plus des pathologies telles que les maladies cardiovasculaires prennent des proportions alarmantes mettant en lumière l'absence de structures ainsi que de politique de santé à même de faire face à ce défi. La 29e édition du congrès national de la Société algérienne d'endocrinologie et métabolismes, tenue jeudi à Tlemcen, a été principalement axée par la présentation des résultats d'une récente enquête épidémiologique sur les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires (MCV) dans 14 pays du Moyen-Orient et d'Afrique dont l'Algérie. Les premières données révélées laissent transparaître qu'il y a davantage de personnes qui décèdent chaque année des suites de MCV que toute autre pathologie telle que le cancer. Cette étude, qui vient d'être achevée, a été menée avec l'autorisation des ministères de la Santé des 14 pays concernés. La situation chiffrée sur la prévalence des MCV présentée par le coordinateur de l'étude en Algérie, le professeur Youcef Benabbas, donne froid dans le dos. La dyslipidémie (élévation anormale du taux de cholestérol total) a été identifiée comme le facteur majeur de risque cardiovasculaire dans les quatorze pays. La fréquence globale est de 70%. Et l'Algérie “s'offre" une moyenne de 62%, et se positionne ainsi à la 12e place parmi les 14 pays dans lesquels l'enquête a été menée. Pour sa part, le professeur français Michel Krempf a appuyé cette étude en rappelant que toutes les enquêtes menées dans le monde font ressortir que le facteur de risque de dyslipidémie est le plus important dans les MCV. L'expérience du service diabétologie du CHU de Tizi Ouzou en matière de prise en charge des dyslipidémies du diabétique, présentée par le Pr Arbouche, était également au menu de ce congrès. Parrainée par les laboratoires Pfizer, l'étude relève que l'élévation anormale de lipides dans le sang a été constatée beaucoup plus dans le milieu urbain qu'en zone rurale. Cela s'explique par le régime alimentaire et du mode de vie qui diffèrent entre les deux milieux. L'autre facteur étudié est l'obésité abdominale (bedaine) et l'obésité qui occupe la deuxième place dans le tableau des facteurs de risque avec un taux de 68% en Afrique et au Moyen-Orient. L'Algérie s'est “adjugé" le 7e rang en obésité abdominale avec une fréquence de 70% et la 9e place en obésité d'une manière générale avec un taux de l'ordre de 32%. L'hypertension artérielle n'est pas en reste des éléments déclencheurs des maladies cardiovasculaires. La prévalence est de 43%. Cette pathologie touche de la même manière aussi bien les hommes que les femmes dans les 14 pays testés. La proportion de la pression artérielle en Algérie a franchi la barre de 40%. Cette enquête a révélé également que le diabète sucré est classé comme un facteur non négligeable à l'origine des maladies touchant le cœur et les vaisseaux sanguins. La prévalence de cette pathologie a atteint les 25%. Le même taux est valable pour l'Algérie. Et ce sont les femmes avec 27% qui sont plus atteintes que les hommes avec 24%. Cette recherche menée par des médecins généralistes a fait ressortir que le tabagisme occupe une part de responsabilité dans le processus du déclenchement des MCV, avec un taux estimé à 14% pour les pays (les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, le Koweït, l'Egypte, le Liban, la Jordanie, la Tunisie, le Cameroun, l'Afrique du Sud, le Ghana, le Kenya, le Nigeria et le Sénégal), et 10% pour l'Algérie. Les résultats de cette enquête se sont appuyés sur l'examen d'une population de 4 378 personnes (hommes et femmes) âgées de plus de 18 ans et qui a l'habitude de consulter un médecin généraliste. Les données révélées confirment que la population est en surpoids continuel et que l'âge moyen des malades est, malheureusement, très jeune, à savoir 46 ans. L'échantillon ciblé, même si l'on ose contester la représentativité, constitue un fil d'Ariane pour aller à des domaines beaucoup plus spécifiques. À ce titre, le professeur Semrouni, du CPMC Alger et président de la Société algérienne d'endocrinologie et métabolisme (SAEM) a insisté sur le fait que l'Algérie risque de frôler la catastrophe, si l'on ne parvient pas à maîtriser les facteurs négatifs, notamment l'hypertension artérielle et l'hypercholestérolémie. Et d'ajouter que “la prise en charge et la prévention ne doivent pas se limiter au corps médical seulement, mais devraient toucher l'ensemble des acteurs actifs de la société algérienne et de leurs représentants dans les différents ministères". Pour lui, il est temps qu'on s'inspire du modèle cubain en matière de politique de prévention. Un travail de longue haleine en matière de prévention et de sensibilisation est plus que jamais urgent pour que la situation ne s'aggrave pas pour atteindre des proportions alarmantes surtout qu'en matière de structures de santé le pays est en deçà des normes internationales. H H Nom Adresse email