Un député a agressé un photographe de presse en plein discours du Premier ministre de Turquie. Au moins un des journaux a publié, en même temps qu'un article relatant l'agression, la photo du sieur Baha Eddine Tliba. Pas besoin de chercher plus loin, la dégaine du personnage a quelque chose de parlant. Ou que vous le croiseriez, son allure parlerait pour lui. Il pourrait être député, ce qu'il est en effet ; il pourrait être commerçant ou affairiste, ce qu'il est aussi. Mais vous n'y penserez pas : son air exprime la suffisance de celui qui baigne dans un système parfaitement fait pour lui : un système fait d'argent facile et de brutalité... Il suffit d'avoir l'avidité nécessaire, de prendre la bonne carte, celle du FLN dans le cas présent, et une fois adoubé des leurs, vous pourrez donner libre cours, avec la garantie de l'impunité, à vos instincts malfaisants. À Constantine, ce sont les gorilles d'un ministre qui se sont amusés à humilier les journalistes venus couvrir "l'événement", comme on dit dans notre langage journalistique abusif. Ce contrat infernal entre le système et ses serviteurs n'est pas l'apanage de quelques lourdauds qui ont le besoin physique d'en découdre. Avec plus faible que soi, bien sûr, parce qu'ils savent rétrécir devant leurs maîtres. Certains usent de ce droit à l'abus avec une certaine civilité. C'est déjà pas mal de voir qu'il y en a, dans le système, qui disposent d'aptitude au civisme jusqu'à couvrir de formes leur "hogra". D'autres n'en usent pas du tout. Ils existent, il faut le reconnaître. Ceux-là se contentent d'exploiter les privilèges attachés à leur rôle sans se sentir en devoir d'abuser de l'impuissance que le hasard a mis sur le passage. Mais d'autres enfin renvoient à la société, de manière primaire, la relation caricaturale qui s'établit entre les gestionnaires de la rente et les vigiles engraissés par le système. Où a-t-on vu cela ? Tous les partis politiques dans le monde possèdent des tendances : l'aile droite, l'aile gauche, le centre, les extrêmes, les radicaux, les modérés, etc. Le FLN doit être le seul parti sur terre qui jouit, très officieusement, d'"une aile des milliardaires" ! Le mariage de l'argent et du pouvoir, pour universel qu'il soit, ne se cache même plus. Il faut dire que c'est tout de même étrange qu'un journaliste se fasse brutaliser en pleine Assemblée nationale ! L'incident pose la question : quel intérêt un journaliste peut-il trouver à aller à l'APN ? Juste pour regarder une armée, enfin les présents de la troupe, de votants adopter un texte dont il sait d'avance qu'il va être plébiscité ? Ou pour recueillir un commentaire langue de bois, tout aussi prévisible, d'un membre de l'Exécutif venu intervenir en terrain conquis ? Ou, enfin, pour voir une "opposition" qui joue le jeu pour les mêmes raisons que "la majorité" qui fait semblant de s'opposer ? Le seul reportage informatif fut celui qui montrait qu'aucun député interrogé ne pouvait se souvenir du titre et du nom de l'auteur d'un livre. Franchement, qu'y a-t-il d'imprévisible pour ainsi faire semblant de couvrir "la vie politique" de nos "institutions" ? Nous jouons un jeu où peut-être quelques éditeurs gagnent mais où les journalistes n'ont toujours reçu que des "coups". M. H. [email protected] Nom Adresse email