Les enseignants-chercheurs de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou viennent, sous l'égide de leur syndicat Cnes, d'adresser au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique une demande d'annulation des mesures qu'ils qualifient de "dévalorisation" du diplôme de doctorat ès sciences. "Les enseignants-chercheurs vous demandent l'annulation de toutes les mesures non équitables d'alignement du doctorat ès sciences avec le doctorat LMD prises jusqu'ici, ainsi que l'annulation des mesures législatives qui ont consacré injustement son déclassement du rang de doctorat d'Etat qu'il vaut amplement de par son statut juridique, les modalités de sa préparation et des critères de son évaluation", est-il explicité dans la demande introduite auprès du ministère de tutelle. Pour mieux convaincre de la justesse de leur demande, les enseignants-chercheurs ont développé, dans leur courrier, un argumentaire axé sur les enjeux de cette dévalorisation sur le triple plan scientifique, juridique et économique. Sur le plan scientifique, les rédacteurs du document soutiennent avec insistance que la valeur d'un diplôme ne se décrète pas administrativement et/ou politiquement, mais qu'elle se mesure scientifiquement. "La valeur d'un diplôme revient à la mesure des compétences et de l'étendue des connaissances acquises par son détenteur et ces deux valeurs constituent l'expérience intimement liée à la durée. Nous soutenons alors que l'alignement du doctorat ès sciences avec le doctorat LMD est injuste car ces deux diplômes n'attestent ni de la même expérience ni de la même compétence, ni de la même étendue de connaissances", argumentent-ils non sans s'appuyer sur ce qu'ils qualifient de "différence fondamentale qui existe entre le système dit ‘classique' et le système LMD qui ne reposent guère sur un même système d'évaluation". Sur le plan juridique, les enseignants citent tout un arsenal de lois qui différencient les deux diplômes. Des lois qui définissent le doctorat ès sciences comme "une habilitation aux métiers de l'enseignement et de la formation supérieurs, de la recherche, de l'expertise et de l'encadrement de haut niveau dans les différents secteurs de la vie économique et sociale", alors que le doctorat LMD est "exclusivement et seulement une formation à la recherche par la recherche". Pour ces enseignants, le décret 98-254 du 17 août 1998 relatif à la formation doctorale est anticonstitutionnel, du fait de son caractère exécutif et abrogeant un décret antérieur qui est présidentiel — 87-70 du 17 mars 1987 — qui ne définit et ne consacre qu'un seul doctorat, à savoir le doctorat d'Etat. Sur le plan économique, et là l'enjeu est de grande taille, il s'agit, selon les membres du Cnes, de neutraliser, voire écarter le potentiel de compétence que constituent les détenteurs du doctorat ès sciences et du magistère et miser sur des compétences insuffisamment préparées pour la promotion de l'enseignement supérieur. Dans un procès-verbal de leur assemblée générale, les enseignants ont expliqué que cette dévalorisation s'inscrivait dans la stratégie adoptée par les pouvoirs publics en direction de l'université ; stratégie qui ne s'est jamais, disent-ils, départie depuis des décennies de l'objectif inavoué de lui faire subir sournoisement un nivellement par le bas. S L Nom Adresse email