Le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Laksaci, sonne l'alerte quant aux importations abusives et inutiles desquelles l'Etat n'arrive plus à se départir. Lors d'une conférence de presse animée hier, le patron de la BA a attiré l'attention des décideurs sur les périls qui guettent la balance des paiements, touchée de plein fouet par une chute des prix du pétrole évaluée à 5,7% pendant cette période sur le marché international. La situation, qui prévaut actuellement dans le secteur des hydrocarbures, est marquée par un fort recul des quantités exportées, estimé à moins de 8,86%. En valeur, les exportations d'hydrocarbures se sont contractées de près de 14% en comparaison au 1er trimestre de l'année 2012. Elles ont ainsi baissé de 20,3 milliards de dollars à 17,5 milliards de dollars. "En référence au 1er trimestre 2009, cela peut s'interpréter comme un choc pour la balance des paiements extérieurs en 2013", avoue le gouvernement lors de la présentation de la note de conjoncture. Ce qui ne peut être sans conséquence négative sur la balance commerciale, d'autant plus que les importations de biens poursuivent leur rythme à la hausse durant les trois premiers mois de l'année en cours. Or, les exportations hors hydrocarbures affichent une faiblesse structurelle et n'ont pas dépassé le montant de 319 millions de dollars en 2013 contre 206 millions de dollars en 2012. Les importations de biens Fob (coût du bien à exporter une fois sur navire) ont connu une hausse de 8,6% pour atteindre 12,6 milliards de dollars pendant la période analysée. Cette tendance haussière a été accentuée, selon les données de la Banque centrale, par la forte expansion des importations de biens de consommation non alimentaires, soit un taux de 83% et la progression de celles des biens alimentaires estimée à plus de 15%. Des importations non alimentaires en hausse et des exportations hors pétrole en baisse Dans le détail, le bulletin de conjoncture de la BA fait ressortir une croissance plus significative des importations des produits pétroliers, fortement corrélée à celles des véhicules qui, entre 2008 et 2012, ont connu un accroissement important. Devant cette situation, le gouverneur avertit, d'autant que "les transferts vers l'étranger, en hausse globale de 6,7% par rapport à 2012 alors que des recettes d'exportation des hydrocarbures sont en baisse..." Il prévient, également, que la récession économique mondiale qu'engendre la chute des cours du pétrole peut affecter la balance des paiements. Un scénario déjà vécu en 2009. Preuve en est : le solde global de la balance des paiements est arrêté à seulement 846 millions de dollars au 1er trimestre 2013 contre 4,164 milliards de dollars durant la même période de 2012. Ce qui ramène l'encours des réserves de changes, sans l'or, à 189,768 milliards de dollars à fin mars 2013 contre 190,661 milliards de dollars à fin décembre 2012. "Cependant, la position financière extérieure nette de l'Algérie reste solide, la dette extérieure étant évaluée à seulement 3,451 milliards de dollars à fin mars 2013 contre 3,637 milliards de dollars à fin décembre 2012", souligne Mohamed Laksaci. La BA a, dans ce sens, poursuivi la gestion prudente des réserves officielles de changes en maintenant un suivi rigoureux et la gestion des risques afin de préserver le capital des investissements de toute perte avec un niveau de rendement acceptable étant donné les faibles taux d'intérêt mondiaux. Ainsi, les emprunts publics à 10 ans aux Etats-Unis ont eu un rendement de 1,9% contre 1,4% pour les titres publics allemands de même maturité. "Pour rappel, les investissements effectués par la BA dans les titres souverains des pays de la zone euro portent sur des titres moins risqués tandis que les déports sont orientés plus vers les banques centrales afin d'endiguer tout risque de contrepartie", précisent les rédacteurs de la note de conjoncture. "Position financière extérieure solide" Sur un autre registre, l'amincissement du différentiel d'inflation entre l'Algérie et ses 15 pays partenaires commerciaux et de l'augmentation des prix relatifs, le taux de change effectif réel du dinar s'est déprécié de 0,15% en moyenne sur les trois premiers mois de l'année 2013 en comparaison à la même période de 2012 après une appréciation de 5,8% en moyenne annuelle en 2012. Concernant l'inflation, le taux moyen durant la période analysée en 2013 par rapport à celle de 2012 est évalué à 5,85%, provoquée essentiellement par les groupes de produits alimentation et boissons non alcoolisées (55,45%) et le transport et communication (21,42%). M. Laksaci n'a pas omis d'évoquer le fort rythme de progression des crédits à l'économie estimé à 6,27% durant le 1er trimestre 2013 contre 2,31% à la même période en 2012. Ce qui explique, affirme M. Laksaci, le dynamisme des crédits bancaires à l'économie soutenu par les mesures de facilitation et de soutien, prises par les pouvoirs publics dès le mois de janvier dernier. La BA affirme que les prêts bancaires aux entreprises privées ont dépassé les 2 044 milliards de DA à fin mars 2013 contre 1 947 milliards de DA la fin 2012. Compte tenu du niveau élevé de l'inflation en 2012, la BA a introduit dès la mi-janvier 2013 un nouvel instrument de politique monétaire qui est la reprise de liquidité à 6 mois à un taux de rémunération de 1,50%. La liquidité bancaire est restée stable au 1er trimestre 2013, précise-t-on dans la note, et avoisine les 2 865 milliards de DA. Les dépôts en dinars collectés par les banques ont progressé de 3,1% avec une légère baisse de la part du secteur privé et des ménages à fin mars 2013. B K Nom Adresse email