Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci a appelé hier à «tirer les leçons» de la situation financière du pays de ce premier trimestre 2013, marquée essentiellement par l'instabilité du marché énergétique et le recul des quantités d'hydrocarbures exportées par l'Algérie. Ce qui a provoqué, selon ses dires, «un choc pour la balance des paiements extérieurs du pays», laquelle a connu «une baisse substantielle». En chiffres, «le solde global de la balance des paiements est estimé à seulement 0,846 milliard de dollars au premier trimestre contre un excédent de 4,164 milliards de dollars au premier trimestre 2012», a précisé Laksaci au cours d'une conférence de presse consacrée à la présentation des tendances monétaires et financières au premier trimestre 2013. Ce qui s'est répercuté sur les réserves de change du pays, dont l'encours, or non compris, est évalué à 189,768 milliards de dollars, contre 190,661 milliards à fin 2012. Laksaci a tenu néanmoins à préciser qu'il ne s'agit pas d'une baisse, mais de «l'effet de valorisation négatif». Il fera remarquer aussi que ce choc est similaire à celui enregistré en 2009 au début de la crise financière qui a provoqué une baisse sensible des prix du pétrole. Dans ce sens, la note de conjoncture de la BA, désormais trimestrielle, fait état des fluctuations du marché pétrolier et de ses répercussions sur les recettes financières du pays. Ainsi, le prix du pétrole a fléchi de 5,07% au cours du trimestre en cours, en situation de fort recul des quantités d'hydrocarbures exportées de 8,86%. En valeur aussi «les exportations des hydrocarbures se sont contractées de 13,9% durant la même période par rapport au 1er trimestre de 2012, reculant de 20,378 milliards de dollars à 17,536 mds». Pour Laksaci, «cela impacte d'autant plus négativement la balance commerciale que les importations de biens poursuivent leur trend haussier en contexte de la faiblesse structurelle des exportations hors hydrocarbures estimée à 0,319 milliard de dollars». Justement au sujet des importations le gouverneur a relevé la tendance haussière qui touche notamment les biens avec une progression de 8,6% (12,610 mds usd), des biens de consommation non alimentaires avec 83% et des biens de consommation alimentaires avec une hausse de 15,1% durant ce premier trimestre. Mais en dépit de ces agrégats financiers, le patron de la BA juge que «la position financière extérieure reste solide au premier trimestre, malgré l'impact négatif des très faibles taux d'intérêt mondiaux». Il avoue aussi que l'économie nationale «subit l'effet des risques pesant sur l'économie mondiale à court terme à travers notamment les prix du pétrole», bien qu'elle soit à «l'abri des flux de capitaux qui affectent certaines économies émergentes». Pour l'inflation, la BA a relevé une décélération depuis févier dernier après 19 mois de tendance haussière, soit depuis juillet 2011. Ainsi, le taux d'inflation en moyenne s'est établi à 8,07% à mars dernier contre 8,89% et 8,91% et 8,56% à décembre 2012, janvier et février. Cette baisse est le résultat, selon les analyses de la banque, de celle enregistrée pour le groupe «alimentation et boissons non alcoolisées» et «divers». Ce phénomène ajoute encore Laksaci est «de nature endogène et ancré sur un nombre très limité de produits frais dont les prix ont enregistré une envolée au premier trimestre 2012». Pour le taux de change du dinar, Laksaci a fait état d'une dépréciation de 0,15% en moyenne sur les trois premiers mois de 2013 par rapport à la même période de 2013 et il s'est apprécié de 1,25% par rapport au quatrième trimestre de 2012, après une appréciation de 5,8% en moyenne annuelle en 2012. S. B.