Avec l'été qui s'installe, la problématique de l'hygiène devient sujet de toutes les discussions. Bien que la question soit posée à tout moment, la saison estivale reste celle qui compte le plus de cas d'intoxications alimentaires. On ne peut évidemment parler de ce sujet sans évoquer les bureaux d'hygiène communale (BHC) dont la mission consiste à veiller sur la qualité de ce que consomment les citoyens, que ce soit les aliments mis sur le marché ou l'eau qui arrive dans les robinets. L'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce) a eu le mérite d'organiser, hier, sous l'égide du wali d'Alger, à l'ex-salle CPVA, un séminaire à l'adresse des BHC sous le thème "La place du bureau d'hygiène communal dans la protection des consommateurs" en présence du DCP, M. Bouras, représentant le wali d'Alger, qui souligne d'emblée l'importance accordée par le premier responsable à cette initiative cadrant avec la caravane contre les intoxications lancée il y a quelques jours. D'autres structures de la wilaya (santé, environnement, services agricoles) étaient également présentes. Cependant, on l'aura presque deviné, le séminaire s'est plutôt transformé en tribune de doléances pour les responsables des BHC. Et, du coup, on aura aussi compris que ceux qui sont censés protéger les consommateurs ont des problèmes et ne peuvent donc mener à bien leur mission. Les conditions dans lesquelles fonctionnent ces structures dont on peut dire que ce sont le parent pauvre de l'APC est désarmant. Bureaucratie quand tu nous tiens, le BHC continue de fonctionner selon les dispositions d'une réglementation complètement dépassée. Il s'agit du décret 146/87 du 30 juin 1987. Avec un personnel d'environ une dizaine de personnes, beaucoup de ces bureaux d'hygiène n'ont pas les moyens nécessaires pour accomplir leurs tâches telles que décrites par la réglementation. D'autres ne disposent même pas de bureaux, comme l'ont faire savoir des intervenants. Le Dr Mustapha Bouziane, représentant la DSP, a été très clair pour dire que depuis la création des BHC, la composante humaine prévue par l'article 6 du fameux décret est toujours incomplète. Un décret dont il avait demandé un amendement. "On continue d'appliquer une réglementation dépassée, ce qui n'a pas manqué de générer des divergences au sein de la composante", dira-t-il, avant de revenir sur les problèmes de moyens rencontrés par ces bureaux en matière de contrôle. Les représentants des structures de la wilaya convergent vers le même constat, à savoir que les insuffisances ne sont pas de la seule responsabilité des bureaux d'hygiène mais aussi des collectivités locales dont ils dépendent qui ne mettent pas les moyens nécessaires à leur disposition. Un des intervenants fera observer que depuis que la question relative à ce problème a été inscrite officiellement en 2010, aucune amélioration n'a été constatée à ce jour, d'où la nécessité de revoir la réglementation. Le comportement des APC apparenté au laxisme s'est souvent traduit par le non-respect des décisions des BHC, notamment en matière de mises en demeure et de propositions de fermeture. Pour le Dr Zebdi, président de l'Apoce, il y a "un dysfonctionnement apparent qu'on peut constater à travers les fast-foods qui servent de la chawarma préparée sur la voie publique !" Une complicité criante dont ne peuvent se disculper les élus locaux. Un autre grand problème est soulevé, en l'occurrence la saleté dans laquelle baignent les quartiers de la capitale. Ces monticules d'ordures ménagères laissant indifférents ces élus, alors que leur collecte relève des tâches du P/APC. Pourtant, ce ne sont pas les moyens qui manquent. Le wali d'Alger a souvent rappelé à ce sujet qu'il n'existait pas de problèmes financiers pour la propreté de la capitale. Ce volet a été dès son installation en 2004 son cheval de bataille. L'informel est, lui aussi, l'autre fléau générateur de problèmes d'hygiène et de santé publique et dont la prise en charge reste du ressort des APC. 80% des produits mis en vente sur le marché informel sont avariés en raison des mauvaises conditions de conservation. Là également l'intervention des collectivités locales est plutôt timide. Alors que le mois de Ramadhan pointera dans moins d'un mois, il serait temps de mettre un peu d'ordre dans cette anarchie où personne n'a rien à gagner. A F Nom Adresse email