Croyant fuir la dure réalité algérienne, ces jeunes harragas en quête de l'eldorado européen ne tarderont pas à être confrontés à un calvaire homérique. Il y a quatre ans, ils étaient près de 4 000 Algériens, en situation irrégulière, à roder dans les allées de la ville mythique d'Athènes. En ce début juin, ils ne dépassent pas les 700 jeunes clandestins à "trimer" dans les quartiers de la capitale grecque, nous indique une source bien informée. Ils sont "joignables" dans le quartier populaire Omania ou dans le secteur dit : Plaka, sorte de vieille citadelle de la terre hellénique (Médina kedima). Ce quartier présente, dit-on, beaucoup de similitudes avec la Casbah d'Alger. Ils ont jeté leur dévolu sur ces deux quartiers, pour des raisons économiques. La vie n'y est pas chère pour survivre. Et pour des raisons socioculturelles, ils ne se sentent pas dépaysés et y retrouvent quelques repères du "bled". Ils font des petits boulots "disponibles" sur le marché noir du travail. Cela est valable pour ceux qui ont la chance de décrocher un job avec une petite rétribution mensuelle qui oscille entre 400 et 600 euros. Ils exercent le métier de serveur, agent de nettoyage, de revendeur à la sauvette, ou encore cuisinier pour ceux qui ont le doigté dans l'art culinaire. Au passage, les mets grecs se rapprochent des plats algériens. Culture méditerranéenne oblige. Parmi ces 700 clandestins algériens qui subsistent encore en Grèce, figurent 400 autres harragas qui croupissent dans les établissements pénitenciaires du berceau humanitaire de la démocratie. Selon notre source, ces jeunes clandestins algériens sont généralement condamnés à des séjours carcéraux pour des inculpations liées à la petite délinquance, des petits larcins ou encore la revente illicite de drogue. Ces personnes écrouées reçoivent, dit-on, régulièrement la visite des représentants de l'ambassade d'Algérie à Athènes. Notre source précise, à ce propos, que des fonctionnaires de la représentation diplomatique algérienne rendent visite deux fois par semaine, chaque lundi et jeudi, à leurs compatriotes incarcérés. Ces visites les réconfortent, explique t-on, en attendant de purger leur peine et de décider de leur sort : soit de continuer à galérer en terre hellénique ou bien de solliciter les services de notre représentation diplomatique pour se faire délivrer un laisser-passer et rentrer du coup en Algérie. La plupart des harragas ne disposent même pas de leur passeport. D'ailleurs, c'est le problème majeur auquel se heurtent les autorités helléniques ou bien notre ambassade pour formaliser, à leur demande, le retour au "bled", sans aucune contrainte, faut-il souligner. Les Algériens ne sont pas inquiétés, nous dit-on, malgré leur situation irrégulière. "Ils sont libres de rentrer en Algérie ou bien de continuer à trimer à Omania ou à la Plaka. Certains préfèrent retourner au pays de leur propre chef. Aucune contrainte et autre pression ne s'exercent sur eux", affirme encore notre source. L'identification des Algériens demeure, en réalité, un problème majeur. Après s'être débarrassés de leur document de voyage, ils se font passer pour des Irakiens ou des Palestiniens pour espérer régulariser leur situation. Radio-trottoir fait circuler l'information que c'est la seule éventualité possible, pour s'y installer légalement. Puisque l'argument du mariage avec une grecque ne fait plus recette, au vu des pressions de l'Union européenne. Les autorités compétentes hellènes ne délivrent pas systématiquement le fameux sésame d'installation en contractant un mariage. Les rares Algériens qui ont réussi à se faire délivrer la "carte de résidence" ne dépassent pas, dit-on les 400 personnes. Parmi ces derniers, figurent quelques architectes ou vétérinaires. Les autres compatriotes "en règle" activent notamment dans des entreprises grecques qui exportent notamment du ciment ou du marbre vers l'Algérie. Le "raccourci" emprunté pour atteindre le pays d'Ulysse Avant de gagner les territoires grecs, les Algériens débarquent à Ankara ou Istanbul avec un visa turc en bonne et due forme. Après un court séjour au pays d'Erdogan, ces jeunes, croyant au rêve chimérique d'une possible bonne situation dans le vieux continent, rejoignent la région ouest de la Turquie, pour pouvoir poser pied dans le nord de la Grèce, Thessaloniki et autres. Initiant des contacts avec des réseaux de passeurs, les candidats à la "harga" débarquent à la rivière appelée "Avro", en grec "rivière blanche", séparant les deux pays. Sur les lieux, ils amorcent des négociations avec les passeurs, en troquant leur passeport vert contre la traversée de la rivière "Avro". Ils s'embarquent ainsi dans une barge d'errance à destination d'une embouchure grecque du vieux continent. Après cette odyssée, les harragas algériens prennent pied en terre hellénique, sans document de voyage. Mais bien mal leur en a pris, puisqu'ils ne tarderont pas à découvrir la dure réalité grecque. La crise économique bat son plein. Le chômage a atteint son apogée, en dépassant les 27% de la population active selon la presse. Ils commencent alors à errer n'importe comment dans les artères d'Athènes. Force est de constater qu'il est laborieux de se frayer une place sur le marché noir du travail face à la concurrence "déloyale" d'autres communautés. On dénombre quelques 70 000 Pakistanais à la quête de petits boulots et 80 000 Egyptiens qui rodent notamment du côté des villes portuaires telles qu'Akhilio, soit à 400 km de la capitale grecque sans évoquer les autres clandestins venus d'Afrique subsaharienne qui enjambent les charmilles de la deuxième ville du pays, Thessaloniki. D'ailleurs, les chiffres fournis par notre source confirment cette tendance à la baisse de clandestins algériens. Ils passent, selon des statistiques de l'année en cours, de 4 000 à 700 harragas. Autrement dit, la "harga" n'a aucun avenir au pays d'Ulysse. H. H. Nom Adresse email