Le bras de fer entre partisans et opposants du président égyptien va se jouer dans la rue à l'occasion du premier anniversaire de son investiture. Climat très tendu en Egypte à l'approche d'une manifestation contre le président islamiste Mohamed Morsi qui doit avoir lieu ce dimanche 30 juin, à l'occasion de l'anniversaire de son accession au pouvoir. Les affrontements mortels entre pro et anti-Morsi se sont accélérés ces derniers jours et le pire est à craindre avec les manifestations de toute la palette islamiste depuis hier vendredi pour une durée "indéterminée", menées par le Parti Liberté et justice (PLJ), l'aile politique des Frères musulmans auquel appartient Morsi, qui réaffirme la légitimité de celui-ci et accuse l'opposition d'entraver le processus démocratique. Les anti-Morsi ont déjà installé des tentes place Tahrir, épicentre de la révolution du Nil, voilà deux mois qu'ils ont déclenché le mouvement Rébellion "Tamarod" pour demander le départ du président, et se prépare au grand rassemblement de ce dimanche pour réclamer une élection présidentielle anticipée. De quoi faire redouter de nouvelles violences et accréditer l'idée que le pays est réellement divisé en deux. Morsi a tenté de ramener le calme dans un discours mercredi mais il n'a pas convaincu les opposants libéraux, laïques, de gauche et républicains, lesquels eux aussi ont annoncé rester dans la rue jusqu'à obtenir sa démission. Pendant deux heures et demie, s'il a concédé des erreurs et promis des réformes, Morsi ne s'est pas empêché de traiter ses opposants d'"ennemis du peuple" et de "saboteurs de la révolution liés à l'ancien président Hosni Moubarak", renversé en février 2011. Le successeur de ce dernier qualifié également de "Pharaon" par ses opposants, a menacé de poursuites judiciaires plusieurs hautes personnalités dont des juges qu'il accuse de lui faire obstruction et les propriétaires et journalistes de médias libéraux, de partialité. Morsi menace de faire donner l'armée ! Celle-ci, écartée du jeu politique il y a un an, avertit qu'elle interviendra pour empêcher le pays de "sombrer dans le chaos". Un avertissement considéré par l'opposition comme un franc soutien au premier président post-Moubarak d'obédience islamiste qui lui a commencé à mettre en œuvre le programme de "réislamisation" des Frères musulmans. Beaucoup d'Egyptiens redoutent le retour d'un régime militaire. Le débat sur le rôle des armées dans le monde arabe est relancé au Caire et ailleurs. Les manifestants du mouvement Tamarod prévoient de se rassembler autour du palais présidentiel en périphérie du Caire. Morsi aura ainsi réussi à polariser la vie politique en Egypte. D'un côté, les libéraux, les modernistes, les minorités confessionnelles, les républicains, les laïcs, la gauche et les nassériens : grosso modo, les éléments sécularisés du pays. De l'autre, tous les islamistes qui se sont coalisés autour des Frères musulmans. D. B Nom Adresse email