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Réda Malek et la participation des Algériens d'origine européenne à la Révolution "Leur solidarité doit avoir sa contrepartie, mais pas uniquement en médailles"
Le Forum de la Mémoire du quotidien El Moudjahid, en collaboration avec l'association Machaâl Echahid, est revenu hier sur un autre volet de la Révolution de Novembre et dont on ne parle pas beaucoup, à savoir la participation des Algériens d'origine européenne. Qui pouvait parler de ce sujet mieux que Réda Malek, ancien membre de la délégation FLN pour les accords d'Evian, et Ali Haroun, ancien responsable dans la Fédération FLN de France. Pour l'ancien Chef de gouvernement, c'est une occasion de revenir sur la solidarité exprimée par l'opinion internationale vis-à-vis de la Révolution algérienne, dont l'une des caractéristiques était justement l'ouverture sur cette opinion et notamment française. "Au départ, il n'était pas question d'effusion de sang mais il fallait faire du grabuge", en ce sens faire entendre la voix de l'Algérie, dira-t-il, car, explique-t-il, la propagande française voulait faire croire à l'opinion internationale qu'il n'y avait rien de sérieux et que la guerre déclenchée par le FLN n'était qu'une petite rébellion. "Il fallait donc briser la conjuration du silence organisée par le colonialisme", souligne Réda Malek, rappelant toutefois qu'il y avait en France des convictions anticolonialistes exprimées particulièrement par les communistes, même si certains partis qui étaient pour le progrès en Algérie ne voyaient pas d'un bon œil le 1er Novembre 1954. "L'affaire Henri Maillot a défrayé la chronique", fait-il remarquer. Un hommage est rendu au passage aux fameux porteurs de valises ou Réseau Jeanson dont Réda Malek salue le courage et la dignité pour leur soutien à la cause juste du peuple algérien, et ce, au risque de leur vie. "Ce soutien et cette solidarité en font des héros. Mais cette solidarité doit avoir sa contrepartie, mais pas uniquement en médailles", précise-t-il sans ajouter que "ces gens ont pour la plupart disparu, leurs interlocuteurs également ont disparu, il faut donc parquer le souvenir, nous avons le devoir du souvenir et la reconnaissance de cette époque". L'autre mémoire de cette époque, en l'occurrence Ali Haroun, qui rappelle les circonstances d'adhésion des Algériens d'origine européenne qui ont épousé la cause révolutionnaire, à commencer par le célèbre Jeanson. Un homme profondément déçu par la situation pratiquée par l'administration coloniale marquée par l'apartheid et le 2e collège. Le conférencier retrace le concours inestimable de ces gens en matière de moyens (hébergement, transport, circulation des éléments du FLN à travers plusieurs régions de France et d'Europe, collecte des fonds et transport de ces derniers). "Les plus indiqués des Français à porter main forte au FLN sont les communistes et les chrétiens qu'on salue à travers la personne ici présente de Monseigneur Teissier. Beaucoup de chrétiens, catholiques et protestants d'Europe, nous ont apporté leur soutien et leur contribution. Certains faisaient partie de l'intelligentsia française, comme Henri Marot ou Jacques Bercq", dira-t-il. Des éminences du prix Goncourt ou Femina sont cités, comme Françoise Sagan dont la puissante Jaguar a permis plusieurs liaisons rapides et sûres, ou encore Serge Reggiani dont le luxueux appartement aux Champs-Elysées permettait des rencontres, Marina Vlady, etc. Cependant, la contribution ne se limitait pas au territoire français, d'autres pays et d'autres militants de la cause algérienne de ces pays ont apporté leur assistance. En Belgique, il y avait un collectif d'avocats pour la défense du FLN. Certains militants ont payé de leur vie leur contribution et leur dévouement. En Allemagne, des porteurs de valises ont servi le FLN. En 1958, un député SPD n'a pas hésité en pleine session du Parlement européen à exprimer son salut à la résistance algérienne, ce qui d'ailleurs a obligé la délégation française à quitter la salle. La Suisse, qui a abrité les accords d'Evian, a été un pays d'accueil où le FLN a trouvé appui, soutien et assistance auprès de médecins et d'autres intellectuels. En Italie, les responsables du FLN ont également trouvé aide au plan pratique, mais aussi sur le plan idéologique, a conclu Ali Haroun. La conférence a été clôturée par la remise de bouquets de fleurs à d'anciens militants algériens d'origine européenne dont Anne Steiner, Annie Maillot, la sœur d'Henri Maillot, Ali l'Allemand qui se souvient de ces propos du chancelier Adenauer : "Je sais que les Algériens qui sont sur le territoire allemand n'ont pas de papiers, mais tant qu'ils ne touchent pas à la politique du gouvernement, ils sont les bienvenus et nous soutenons leur cause", ou Mahmoud l'Argentin qui voulait, après l'Indépendance de l'Algérie, rentrer dans sa pampa et qui a été retenu par ses amis algériens. On a fait venir sa femme de la lointaine Argentine et a été reçu avec les honneurs. L'ancien archevêque, Monseigneur Teissier, a reçu également un bouquet de fleurs des mains de Réda Malek et Ali Haroun. ALI FARES Nom Adresse email