RéSUMé : Fouzia est heureuse de ne pas avoir rêvé. Kamel est bien là, mais il reçoit un appel et répond par des monosyllabes. Il est gêné et doit partir. Malgré sa sollicitude, elle sent que c'est la fin de leur histoire d'amour. Même s'il n'ose pas le dire, elle le voit dans ses gestes... Kamel a toujours été un homme de parole. Même s'il n'est plus revenu à la clinique, il lui a envoyé une infirmière pour la ramener chez elle et s'occuper d'elle. Elle restait auprès d'elle durant quelques heures, les premiers jours, puis Fouzia la renvoyait gentiment. Elle a envie de rester seule. Elle s'est remise de son opération, mais elle ne parvient pas à se faire au silence de Kamel. Son portable est resté muet depuis qu'elle est rentrée. Elle sait qu'il a des projets pour ses enfants, en particulier le mariage d'Idir, mais il pouvait prendre le temps de l'appeler. Elle a de la peine. Elle ne fait plus partie de sa vie. Elle ne peut pas l'accepter. Il ne peut pas l'exclure de sa vie, comme si ce qu'ils avaient vécu pendant plus de vingt ans n'était rien. Elle peut accepter qu'il s'occupe de sa famille, mais qu'il l'ignore aussi longtemps, elle n'en peut plus. C'est plus fort qu'elle. Il sait qu'elle est fragile comme tout être qui a subi une opération. Elle a besoin de son soutien moral et de ses conseils. Un mois après sa sortie de la clinique, Fouzia reprend son travail. Elle est heureuse de revoir ses collègues et surtout de se sentir utile. Kamel n'a jamais rappelé et n'a jamais cherché à la revoir. Mais elle ne peut s'empêcher d'appeler à la clinique de Kamel. Elle est surprise de ne pas le trouver. C'est son associé qui décroche. Elle se présente comme une malade. Au fond, elle se dit qu'elle est malade d'amour. - Il est absent jusqu'au mois prochain, répond Mahmoud, avant de proposer : Si c'est urgent, je peux vous recevoir... Quel jour vous arrangerait ? - Non, c'est lui que je voudrais voir ! Je rappellerais... Elle raccroche vite, refusant de discuter avec lui. Aurait-il pris un congé ? Pourquoi ? Serait-il souffrant ou doit-il rester près de sa famille pour préparer le mariage de son fils ? Elle compose son numéro de portable et elle est sous le choc lorsque l'opératrice annonce que le numéro n'est plus attribué. Elle pense s'être trompée de numéro et recompose. La même réponse retentit à l'autre bout de la ligne. Elle n'en revient pas. Il a changé de numéro, sans même penser à l'en informer. La colère la pousse à appeler chez lui. C'est la première fois qu'elle le fait. Elle n'est pas surprise de tomber sur la gouvernante. Elle la fait patienter un moment. Lorsque Kamel prend la communication, elle en perd la voix. - Allô ? Fouzia toussote. - C'est moi, dit-elle. J'essaye de te joindre sur ton portable mais cela ne passe pas ! - Je l'ai perdu, répond-il. Si tu appelles ici, c'est que c'est urgent ! - J'ai appelé à la clinique, dit Fouzia, remarquant qu'il ne prend pas de ses nouvelles. On m'a dit que tu es en congé ! - En effet. Tu as besoin de quelque chose ? - Je voudrais te voir, dit-elle. Je t'attends au salon habituel, vers 17h ! Il raccroche sans donner de réponse. Elle en déduit qu'il n'était plus seul. Elle tente de se reconcentrer sur son travail jusqu'à l'heure de sortie. Le salon n'est pas loin de son lieu de travail. Elle s'y rend sur-le-champ. Elle s'installe dans le coin dont la baie vitrée donne sur la rue. D'ici, elle pourra le voir arriver. Le serveur vient à sa table pour prendre sa commande. Elle demande un thé. Elle regarde les couples attablés en face d'elle. Ils se chuchotent des choses, des lueurs d'amour dans les yeux. Ils doivent avoir le même âge. La jeune femme est plus jeune qu'elle. Mais est-elle aussi naïve qu'elle ? Elle semble être sur un nuage. Comme elle, avant qu'elle ne réalise avoir été qu'un objet que Kamel a utilisé au fil des années. Même si elle est entièrement responsable de la situation vu qu'elle savait qu'il était plus âgé et qu'il avait déjà une famille, elle avait toujours espéré finir sa vie avec lui. Mais, lui, en a décidé autrement... (À suivre) A. K. Nom Adresse email