Alors que le secrétaire d'Etat US fait état de "progrès réel" dans le processus de paix israélo-palestinien, c'est un tout autre son de cloche du côté du principal négociateur palestinien, Saëb Erekat, qui estime qu'il "existe encore un fossé entre les positions palestiniennes et israéliennes". "Je suis heureux de vous dire que nous avons fait un progrès réel pendant cette visite", a assuré John Kerry lors d'une conférence de presse hier à l'aéroport de Tel Aviv avant de gagner Bruneï où il doit assister aujourd'hui à une réunion des ministres des Affaires étrangères de pays asiatiques. "Je crois qu'avec un peu plus de travail, le début des négociations sur le statut final pourrait être à notre portée", a-t-il estimé. "Nous avons commencé avec de profondes divergences et nous les avons comblées considérablement", s'est félicité le chef de la diplomatie américaine, sans toutefois divulguer les détails de ses longues discussions avec les dirigeants israéliens et palestiniens, faisant seulement état d'un "certain nombre d'obstacles". "Je suis absolument sûr que nous sommes sur la bonne voie et que toutes les parties travaillent de bonne foi afin d'aboutir", a-t-il conclu. Cet optimisme du chef de la diplomatie US est loin d'être partagé par la partie palestinienne, dont le principal négociateur, Saëb Erakat, a affirmé qu'il n'y avait "pas eu de percée jusqu'à présent et il existe encore un fossé entre les positions palestiniennes et israéliennes". Saëb Erakat a argué que "personne plus que les Palestiniens ne bénéficierait de la paix et personne ne souffrirait davantage qu'eux de ne pas y parvenir". Le diplomate palestinien a accusé Israël de "vouloir toujours reprendre les négociations pendant que la colonisation continue". Pour reprendre les pourparlers, la direction palestinienne réclame, rappelle-t-on un gel total de la colonisation et une référence explicite aux lignes d'avant l'occupation israélienne des Territoires palestiniens en juin 1967 comme base des discussions. Le président Mahmoud Abbas a également demandé la libération des prisonniers palestiniens les plus anciens détenus par Israël, sans obtenir satisfaction. Le chef de la diplomatie américaine s'était entretenu jusqu'à quatre heures du matin avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans un grand hôtel de Jérusalem-Ouest. Il aura passé au total la bagatelle de treize heures à discuter avec le Premier ministre israélien depuis son arrivée jeudi. Rien de substantiel n'a filtré mais à l'ouverture du Conseil des ministres, Benjamin Netanyahu a de nouveau insisté sur la nécessité d'assurer la sécurité d'Israël –"Nous ne transigerons pas sur la sécurité", a-t-il répété-- en cas d'accord de paix avec les Palestiniens qui de toute façon sera soumis à un référendum populaire. "Kerry a la volonté de faire tout le travail nécessaire pour faire avancer ce processus de façon significative", a souligné samedi soir un responsable américain sous couvert de l'anonymat. Ses conseillers avaient toutefois minimisé l'espoir d'une percée imminente dans le processus de paix, espérant plutôt avancer par étapes vers la mise en place de négociations directes entre Israéliens et Palestiniens. Mais selon la radio militaire israélienne, le secrétaire d'Etat n'est pas parvenu à obtenir le moindre engagement des deux camps à revenir à la table des négociations, son objectif prioritaire. Merzak T./Agences Nom Adresse email