Après 70 jours d'hospitalisation-convalescence en France, Bouteflika n'est toujours pas rentré au pays. L'absence est longue, trop longue pour un président de la République. Un président de la République dont on avait annoncé, de surcroît et à maintes reprises, le retour pour "bientôt". Un président de la République qui, s'il est réellement en mesure d'assumer ses fonctions, comme l'affirment nos officiels et quelques officieux, vient tout bonnement de boycotter les festivités du 5 Juillet, fête nationale de l'Algérie. Car c'est un devoir moral pour tout chef d'Etat de célébrer la fête nationale de son pays aux côtés de son peuple. Et surtout pas dans un établissement militaire de l'ancienne puissance coloniale. Mais laissons cela à l'Histoire. L'absence du chef de l'Etat est si longue que le pays s'y est habitué, désormais : aucun match important n'étant dans l'agenda immédiat des Verts, les Algériens parlent de l'Egypte, du Ramadhan qui arrive et de la flambée des prix, des embouteillages et des plages, mais plus de Bouteflika, encore moins de son avenir politique. Depuis le 12 juin dernier, ils savent, grâce aux images diffusées ce jour-là par la Télévision nationale, qu'il n'y a "plus rien à dire", que la cause est entendue. Quoi qu'en dise un certain Amara Benyounès, le seul, désormais, à continuer d'espérer, voire à rêver à haute voix, le règne de Bouteflika s'achève : il ne briguera pas un quatrième mandat et il ne peut poursuivre le troisième que formellement et, qui plus est, au mépris de la Constitution et des usages universels. Mais cela est une autre histoire, l'Algérie n'étant pas à sa première "spécificité" en la matière. Reste l'avenir. Et les grandes questions qu'il implique. Dont la plus fondamentale d'entre toutes : comment s'organisera la succession ? L'idée d'une période de transition étant vraisemblablement à écarter, le clan fort du moment refusant d'engager le processus constitutionnel devant aboutir à une déclaration de vacance de la présidence de la République, on s'acheminerait forcément, sauf rebondissement spectaculaire, vers une élection présidentielle en avril 2014. Assistera-t-on, pour la première fois, à une compétition électorale ouverte animée par des candidats et des partis politiques en toute autonomie ou devra-t-on, encore une fois, subir le diktat d'un "consensus" convenu entres les différents clans au pouvoir, dont celui de l'actuel chef de l'Etat ? S'il est encore prématuré de répondre à une telle interrogation, la prochaine rentrée sociale ne manquera pas d'apporter quelques indices à même d'éclairer un peu plus les intentions des uns et des autres quant à l'après-Bouteflika. Nom Adresse email