"Dehors ! Les islamistes radicaux doivent dégager", "Nous sommes musulmans. Vous êtes des imposteurs", scandent des manifestants dans les zones "libérées" dans le nord de la Syrie ! Les opposants au régime de Bachar al-Assad ne supportent plus les djihadistes qu'ils avaient auparavant accueillis à bras ouverts. A force d'abus, ces derniers se sont aliéné une grande partie des insurgés que la chute du pouvoir islamiste en Egypte a, en quelque sorte, libérée. Un remake du scénario irakien où, après la prise de pouvoir par les chiites dans le sillage de l'invasion américaine en 2003, les sunnites avaient reçu les djihadistes avec enthousiasme avant de les chasser à cause de leurs abus. Donc, les insurgés mal en point sur les terrains politique et militaire, de par leur manque de cohésion et les manipulations dont ils font l'objet de la part des membres du groupe des Amis de la Syrie, et surtout par la contre-offensive des autorités de Damas qui marquent indéniablement des points, ont fini par découvrir la vraie nature de l'islamisme radical propagé par deux principales formations et qui sont le Front al-Nosra et l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), des franchises d'Al-Qaïda. Il existe aussi une multitude de groupuscules djihadistes composés exclusivement de combattants étrangers qui reçoivent également des armes et de l'argent des pays du Golfe, notamment du Qatar, du moins jusqu'à l'abdication de son émir en faveur de son fils Tamim, apparemment moins prompt à jeter de l'huile sur les brasiers islamistes hors de chez lui. Aguerris aux attentats, dotés d'armes sophistiquées, ces groupes islamistes devaient rapidement acquérir une influence qui dépasse leur nombre en remportant des victoires contre l'armée régulière syrienne. En fait, l'engouement du début est dû essentiellement à la terreur et aux représailles qu'ils ont exercées contre des populations prises en otages. Et aux insurgés de découvrir qu'à mesure qu'ils sont devenus puissants militairement, les islamistes ont restreint les libertés. Comme les islamistes égyptiens, ils veulent le pouvoir, pas la démocratie. Dans la province d'Idleb, frontalière avec la Turquie, par où ont transité nombre de djihadistes étrangers rejoignant la révolte contre Bachar al-Assad, des combats ont eu lieu entre l'armée de libération syrienne (ASL) et des groupes affiliés à Al-Qaïda, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Pour les activistes islamistes de Syrie, la destitution de Mohammad Morsi en Egypte et la chasse aux sorcières lancée par l'armée contre les Frères musulmans, justifie leur choix de la violence de préférence au processus démocratique. "Nous avons toujours su que nous ne pourrions conquérir nos droits que par la force et c'est pourquoi nous avons choisi les armes plutôt que les urnes", a déclaré dans un communiqué publié après la destitution du président égyptien, le Front al-Nosra. Une conviction reprise en chœur par son homologue l'"Etat islamique d'Irak et de Cham", mouvement également lié à Al-Qaïda et opérant en Syrie. D. B. Nom Adresse email