La Maison de la culture de Béchar a édité, en juin dernier, l'ouvrage "Diwane. Expression musicale chorégraphique authentique" de Abdelhalim Araou, journaliste, auteur de plusieurs articles sur le diwane, et chargé du volet conférences au Festival national de la musique diwane de Béchar, et le Festival international du diwane d'Alger. Cet ouvrage de 100 pages, malgré sa construction brouillonne et sa mauvaise présentation, pourrait être considéré comme une référence dans le domaine des publications sur le diwane. Les références sur cet art musical et ce mode de vie ancestral sont quasi inexistantes. Un savoir qui n'a pas encore été produit, ce qui fait du livre de Abdelhalim Araou – qui a travaillé sur la base d'une documentation assez riche mais qui ne concerne pas les diwanes – un ouvrage de référence. L'auteur présente le rituel diwane, l'exception algérienne de femmes pratiquant le diwane sur l'espace scénique (comme Hasna El-Bécharia, Nora Gnawa, et des groupes comptant également parmi ses membres des femmes, à l'exemple de Dar El-Bahri Ousfane de Constantine et Diwan Gnawa de Blida), et la fusion qui fait aujourd'hui débat. Concernant cette dernière problématique, l'auteur a fait intervenir des mâalmine et des chefs de troupes diwanes, qui ont considéré, pour la plupart, que "la fusion entre musique diwane et d'autres genres artistiques est préjudiciable à cette sonorité musicale traditionnelle et populaire". Si on y réfléchit bien, il y a d'autres voies pour les diwanes de sortir de l'espace sacré et investir la scène artistique. La force des diwanes est leur rituel ainsi que leur répertoire. En outre, Abdelhalim Araou, qui survolera la voie du rituel et annoncera brièvement les noms des principaux diwanes en Algérie, fait des parallèles entre le rituel diwane et celui des Aïssaouas, Hamdaouas ou Hmadcha ; il évoque ses entretiens avec des diwanes de Béchar (sa ville) et d'autres régions d'Algérie, mais hélas ce volet témoignage est assez faible, puisqu'il n'y a pas suffisamment d'intervenants. Abdelhalim Araou évoquera également l'influence du gnaoui (équivalent du diwane au Maroc) et du diwane sur la musique et le mouvement Ghiwane de manière générale. En fait, "Diwane. Expression musicale chorégraphique authentique" ouvre plusieurs pistes et propose des thèmes variés et complexes dont chacun pourrait faire l'objet d'une étude. L'universitaire Faïza Akram-Seddik, de l'université Franche-Comté à Besançon, note dans sa préface que le point de vue de l'auteur sur le diwane est intéressant, parce que son point de vue vient de l'intérieur. "Enfant, parmi les Hamadchas, il a baigné dans une ambiance confrérique de musique de transe d'inspiration soufie. Et c'est en cela que son approche est intéressante, car c'est une vue de l'intérieur, il arrive à décoder les symboliques", écrit-elle. Nom Adresse email