Affrontements, enlèvements, meurtres. Ce ne sont plus des faits entre la rébellion syrienne et le régime de Damas. Les insurgés n'en finissent plus de sombrer, minés par des dissensions internes entre modérés de l'Armée syrienne libre (ASL) et islamistes radicaux, pour un grand nombre affiliés à Al-Qaïda. Retournement de l'histoire : le régime de Bachar Al-Assad ne suffit plus à les unifier. Aux yeux des Occidentaux, notamment la France, la pression de la rébellion devait conduire Bachar et les siens à leur perte. C'était même inéluctable selon l'ONG International Crisis Group. Mais depuis plus de deux ans, le régime a non seulement tenu bon mais après avoir perdu de vastes zones, dans le nord, il reprend la main depuis juin quand le Hezbollah libanais lui a permis la reconquête de Qousseir. Finalement, le calcul des Occidentaux a concerné la rébellion où les combats font rage entre les frères d'hier, d'un côté, l'ASL, de l'autre, les islamistes radicaux d'al-Nosra et de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), affiliés tous deux à Al-Qaïda. Le 13 juillet, la dissension a pris l'allure dune guerre totale dans la province d'Idleb lorsque les djihadistes ont tenté de mettre la main sur un stock d'armes de l'ASL, que venaient de livrer à cette dernière "Les Amis de la Syrie". Fini donc ce temps où l'ASL accueillait à bras ouverts ces djihadistes "aguerris" et dotés d'armes sophistiquées. L'enthousiasme et l'engouement a, en effet, laissé progressivement place au rejet des islamistes en raison de leur imposition de pratiques extrêmes de leur interprétation rigoriste de l'islam, de tortures et d'assassinats de contrevenants, de viols qu'ils ont légalisés au nom du repos du guerrier de Dieu. Les Syriens "libérés" qui se sont ainsi retrouvés entres trois marteaux, l'armée régulière de Damas, l'ALS et les salafistes djihadistes, ont tout de suite saisi ce qui les attendait en cas de victoire sur Bachar al-Assad : une autre guerre intensive pour la succession de ce dernier entre les diverses composantes de l'opposition. Pour faire court, l'ASL veut un Etat démocratique laïc quitte à se soumettre au diktat de l'Occident et les islamistes entendent instaurer un Etat charaïque, sur fond de polarisation confessionnelle entre sunnites et alaouites. C'est que la Syrie est devenue le "pot de miel" pour tous les islamistes dans la région. Après l'Afghanistan, la Syrie courait effectivement le risque de devenir le pays du djihadisme global avec cette migration de djihadistes. Les Européens et la France particulièrement n'avaient cesse d'avertir la rébellion syrienne sur le poids de ces islamistes d'autant que des ressortissants à eux ont rejoint les maquis djihadistes. Manuel Valls, le ministre français de l'Intérieur a évalué à 600 les européens embrigadés dans les rangs des Frères syriens. Mais ils ne sont pas les seuls : un chef des taliban pakistanais Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), a lui aussi affirmé que des centaines de ses hommes avaient gagné la Syrie et qu'ils y avaient des bases pour mener la guerre sainte contre les chiites et les alaouites de la confession d'Assad. D. B Nom Adresse email