Il a demandé aux directeurs de l'exécutif de "lever un peu le pied et de ne pas appliquer à la lettre la réglementation. C'est un SOS que je lance à tout le monde, car les clignotants sont au rouge". Les élus locaux doivent s'impliquer dans les projets de développement. La vie est pleine d'écueils, c'est certain. Cependant, la cadence avec laquelle avancent certains projets, dont deux équipements éminemment structurants, fait craindre le pire. C'est le cas avec deux projets de base : la pénétrante autoroutière devant relier le port de Béjaïa à l'autoroute Est-Ouest, ainsi que le doublement de la voie ferrée sur une distance de près de 100 km. Il y a, d'un côté, des oppositions tous azimuts ; de l'autre, un déficit criant en matière d'agrégats et autres matériaux indispensables pour la réalisation de ces deux équipements. Il n'y a que 8 carrières d'agrégats qui sont en activité, 8 sont à l'arrêt et 13 n'ont pas démarré, car objet d'opposition. Et parce que "l'implication citoyenne est primordiale", une rencontre a eu lieu, mercredi soir, entre le wali et les élus de l'APW ainsi que les présidents des APC concernées par, au moins, ces deux projets de base. Prenant la parole en premier, le wali Hammou Ahmed Touhami s'est adressé à certains maires en des termes peu amènes : "Vous êtes dans l'obligation de nous accompagner et d'accompagner le projet déterminant pour le devenir de la wilaya. Le développement a un prix. On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. Bien sûr que la pénétrante ou le doublement de la voie ferrée va se faire sur des propriétés privées. C'est cela le développement, il a un coût social, financier, moral, etc. L'Etat ne vole pas. Il exproprie sur la base d'une estimation domaniale." Si des présidents de certaines APC ne ménagent aucun effort pour que les chantiers avancent, d'autres, a déploré le wali, jouent un jeu dangereux. "Il y a des maires qui ont établi des permis de construire, alors qu'il y a eu précédemment une enquête commodo et incommodo. C'est vraiment mettre l'Etat devant le fait accompli", a-t-il regretté. Sans citer les édiles incriminés, il dira à leur adresse : "Le chemin de fer passera." Il n'a pas manqué de faire part des querelles de chapelle qui opposeraient, selon lui, les élus au niveau de certaines assemblées élues, voire entre le maire et ses adjoints ou les autres membres de l'APC ; différends nés des enjeux en rapport avec les projets en question : le village ou le parti serait placé au-dessus de l'intérêt de la collectivité. S'il exclut pour le moment le recours à la force publique pour forcer le passage, il espère que les élus locaux accompagneront les projets de développement pour en arracher d'autres : le doublement de la RN26 reliant Béjaïa à Bouira en passant par Akbou, de la RN9 pour relier Sétif via la ville historique de Kherrata et de la RN24 pour relayer Tizi Ouzou par le littoral ouest. Il a demandé aux directeurs de l'exécutif de "lever un peu le pied et de ne pas appliquer à la lettre la réglementation. C'est un SOS que je lance à tout le monde car les clignotants sont au rouge", a-t-il conclu. Le président de l'APW de Béjaïa, Mohamed Bettache, a rétorqué, par allégorie à son voisin de gauche, que le développement local ne doit pas rester au stade du discours. Il appelle à un débat franc, serein et constructif. "C'est vrai qu'il y a des querelles entre les élus, je n'en disconviens pas. Mais il y a aussi des controverses entre des services de l'administration. Le retard incombe aussi aux gestionnaires. Il y a énormément de bureaucratie, des problèmes de coordination entre les services de l'administration. On ne doit pas se regarder comme des chiens de faïence et on doit cesser de se rejeter la balle. Ce n'est dans l'intérêt de personne." "Souvent, a poursuivi le président de l'APW, il y a des projets qui sont lancés sans que le président de l'APC n'en soit informé, alors qu'il est le premier responsable de sa commune. Comment voulez-vous qu'il s'implique ?" L'intervention d'un des maires présents au siège de la wilaya, celui d'Amalou, a été saluée par l'assistance. Il a déploré l'absence de l'Etat, à croire, a-t-il dit, "que nous ne sommes pas en république". Il n'a pas manqué de mettre dos à dos les individus et les administrations déconcentrées de l'Etat. Les premiers, qui se spécialisent dans les oppositions sur des terrains, qui servaient autrefois de pâturage, ne le font pas en leur qualité de militant écologique. "On est dans un Etat rentier, ils viennent réclamer de l'argent à l'Etat. Parfois, ce sont des institutions de l'Etat qui s'opposent à des collectivités locales ; une aberration." Il a déploré, en outre, les prix pratiqués par la direction des Domaines, qui classent les communes par catégories 1, 2, 3 et autres ; sa commune étant classée dans cette dernière catégorie. Il ne comprend pas pourquoi des terrains agropastoraux ayant fait l'objet d'une expropriation ne sont pas payés avec le même prix. A Amizour, a-t-il affirmé, "les indemnisations sont de 5000 DA", alors que dans sa commune, à Amalou, "on ne concède que 1500". M O Nom Adresse email