Par ricochet, les dernières mesures prises par les pouvoirs publics pour contrer le trafic de carburant a touché de plein fouet les quelque 10 000 familles d'Oujda et sa région qui vivent de cette "source" ainsi que les automobilistes marocains obligés de payer au prix fort le carburant. Les solutions répressives, bien qu'envisagées, ont d'ores et déjà découragé une bonne partie des hallaba qui semblent décrocher mais qui, soulignons-le, ne semblent pas abdiquer pour autant car il n'est pas écarté qu'ils réagissent très prochainement. Malgré l'arrêt de l'activité d'une bonne partie des trafiquants qui est estimée à plus de 70%, la crise persiste et le carburant se fait toujours rare dans les stations-services, une preuve que celle-ci n'est pas causée uniquement par les hallaba. Plus paradoxal, l'arrêt de l'activité des hallaba qui devrait normalement rétablir la situation a plutôt aggravé celle-ci puisque le carburant est toujours indisponible et le citoyen, forcé de se rabattre sur les revendeurs en deuxième main, paie le litre 90 DA alors qu'il le payait 50 DA avant les présentes mesures de lutte contre le trafic. Comme la demande se fait très importante au Maroc et l'offre parcimonieuse, le cours du carburant a atteint un seuil jamais égalé : à titre indicatif, le jerrican de 30 litres d'essence qui est payé à la station 700 DA, est cédé aux revendeurs en deuxième main, implantés dans les différents quartiers de la ville, à 2200 DA, aux collecteurs des environs immédiats à 2700 DA et jusqu'à 3000 DA pour les collecteurs situés près de la frontière. Le bénéfice soutiré, conséquent, d'environ en moyenne 6 000 DA par plein, est devenu un stimulant de taille qui contraint les hallaba à la résistance. "Je n'ai pas d'autre solution pour subvenir aux besoins de ma famille. Je n'ai connu que ça depuis que j'ai 22 ans. Maintenant j'ai 45 ans et suis père de famille", dira ce hallab des environs de Beni Boussaid. " Où étaient les responsables durant les 30 années qu'a duré ce trafic ? ", s'interrogera-t-il. Contacté par téléphone, un Oujdi confirme que la hausse des prix du carburant au niveau de la frontière a fait que le prix du litre de carburant proposé localement au noir se rapproche de celui régulier au niveau des stations-services (une différence d'environ 1.5 DH) mais continue, par sa qualité, à être préféré par les automobilistes. Par ailleurs, il souligne que la faible offre a engendré une régression palpable de l'activité ce qui s'est traduit déjà par un remous social et économique à l'extrême est du Royaume. A.M Nom Adresse email