Parallèlement à l'éradication du commerce informel, pour lequel l'Etat a engager une lutte implacable, la vente illicite de carburant dans des domiciles, où des dizaines voire des centaines de litres sont entreposés, sera-t-elle éradiquée à son tour ? Le phénomène prend de plus en plus d'ampleur au vu et au su de tout le monde, sans qu'aucune mesure n'ait été prise par les pouvoirs publics. La vente de carburant dans des habitations présente un réel danger pour le voisinage. Des cas d'accidents mortels causés par des incendies dans ce genre de dépôts ont déjà eu lieu sans que cela n'interpeller les responsables. L'indisponibilité du carburant ces derniers jours dans la wilaya de Tlemcen a engendré une hausse du prix de l'essence qui se vend dans ces stations illicites où le carburant est disponible H/24 et offert aux automobilistes non sans soutirer le maximum. A titre indicatif, l'essence super est payé jusqu'à 350 DA les 5 litres, soit plus de trois fois le prix. Le phénomène de contrebande de carburant perdure depuis des années, mais ces derniers temps, il a pris des proportions alarmantes et avec cette pénurie qu'enregistre la wilaya de Tlemcen, les prix se sont envolés de l'autre côté de la frontière où le cours qui était voilà une quinzaine de jours à un peu moins de 1 000 DA l'unité d'essence (dans le milieu de la contrebande, l'unité est le jerrican de 30 litres) a atteint aux ultimes points de dépôts tels ceux du village frontalier de Roubane situé à l'extrême ouest de la daïra de Beni Boussaïd, 1 900 DA, soit un bénéfice soutiré par les hallabas d'environ 1 200 DA pour une unité. C'est là le gain maximum qui est en rapport avec l'éloignement. Pour les points de dépôt plus proches tels ceux des villages M'samda ou Akid Abbes, Akid Lotfi, l'essence est cédé avec un bénéfice qui tourne autour de 900 DA. Le cours qui n'a jamais atteint ce seuil a encouragé et stimulé l'activité de la contrebande du carburant laquelle avec la pénurie qui persiste ont davantage aggravé la situation. Aussitôt, la station- service approvisionnée, la file d'attente des véhicules à réservoir de grande contenance se fait interminable et les hallaba, par souci de gain de temps, déposent le plein à même leurs domiciles et remettent ça jusqu'à épuisement du produit à la station-service. C'est à ce moment qu'ils transportent leur collecte vers des dépôts à la frontière, 70% des livraisons vont faire le bonheur des contrebandiers marocains et qui font également des bénéfices aux automobilistes de l'est du royaume. Quand on sait que la contenance d'un véhicule léger est de plus de 3 unités et que le nombre de pleins par jour tourne en moyenne autour de 3, l'on peut aisément estimer le gain en ces temps d'opulence des trafiquants supposés déposer leur carburant dans les dépôts dits proches. 8 100 DA, c'est là une moyenne tronquée, qui en dit long sur les gains substantiels que font les trafiquants qui transportent par camion. La situation est qualifiée de très préoccupante car l'honnête automobiliste endure ce phénomène qui n'a que trop duré. Celui-ci est contraint de se tourner vers un commerce parallèle que l'indisponibilité du carburant dans les stations services a engendré. Pour quand l'éradication de ces stations illicites implantées dans des habitations et de surcroît en plein centre-ville ?