Mercredi 24 octobre à 22:18 Avec la pénurie de carburant qui sévit à l'ouest du pays et laquelle a engendré une baisse des réserves de cette précieuse énergie dans les dépôts à l'autre côté de la frontière, les prix se sont affolés au niveau de la frontière. Le cours qui était, voilà une quinzaine de jours, à un peu moins de 1.000 DA l'unité d'essence (dans le milieu de la contrebande l'unité est le jerrican de 30 litres), celuici a atteint aux ultimes points de dépôt tels ceux du village frontalier de Roubaine, situé à l'extrême- ouest de Béni Boussaïd, 1.900 DA, soit un dividende soutiré par les hallabas d'environ 1.200 DA pour une unité. C'est là le gain maximum qui est en rapport avec l'éloignement. Pour les points de dépôt plus proches tels ceux des villages de Msamda ou Akid Abbès, Akid Lotfi... l'essence est cédée avec un bénéfice qui tourne autour de 900 DA. Le cours qui n'a jamais atteint ce seuil a encouragé et stimulé l'activité de contrebande du carburant laquelle, avec la pénurie qui persiste, ont davantage aggravé la situation. Aussitôt la stationservice approvisionnée, la chaîne des véhicules à réservoir de grande contenance se fait interminable et les hallabas, par souci de gain de temps, déposent le «plein» à même leurs domiciles et remettent ça jusqu'à épuisement du produit à la station-service. C'est à ce moment qu'ils transportent leur collecte vers les dépôts à la frontière. La situation est qualifiée de très préoccupante car l'honnête automobiliste endure ce phénomène lequel n'a que trop duré. Celui-ci est contraint de se tourner vers un commerce parallèle que l'indisponibilité du carburant dans les stations a engendrée. Il s'agit de la vente en 2e main dans les domiciles. Des dizaines de ces «stations » illicites où le carburant est disponibles h24 se sont ancrés dans divers quartiers de la ville au vu et au su de tout le monde et offrent leurs services aux automobilistes non sans soutirer le maximum. A titre indicatif, avec ces temps parcimonieux, l'essence super y est payée jusqu'à 350 DA les 5 litres soit plus de 3 fois leur prix. Le phénomène de contrebande de carburant, qui se fait également par camions munis d'énormes réservoirs, a bafoué l'ordre et la loi. A titre d'exemple, l'arrêté du wali qui fixe les capacités à servir au maximum (l'équivalent de 600 DA d'essence et 400 DA de gas oil) n'est désormais plus respecté dans la majorité des stations-service. Quant à la vente dans les habitations, elle présente un danger extrême pour tout le voisinage. Des cas d'accidents mortels causés par des incendies dans ce genre de dépôt ont déjà eu lieu sans que cela ne semble trop interpeller les responsables. A l'approche de l'Aïd, les automobilistes font dans la débrouille pour se procurer quelques litres de carburant qu'ils payent à prix fort alors que les livraisons censées leur être destinées vont faire le bonheur des contrebandiers nationaux et marocains et permet également des bénéfices aux automobilistes de l'est du royaume. Quand on sait que la contenance d'un véhicule léger est de plus de 3 unités et que le nombre de «pleins» par jour tourne en moyenne autour de 3, l'on peut aisément estimer le gain moyen soutiré actuellement en ces «temps d'opulence» par les trafiquants supposés déposer leur carburant dans les dépôts dits proches: 8.100 DA. C'est là une moyenne, tronquée en sus, qui en dit long sur les gains substantiels soutirés par les trafiquants qui font le transport par camion... Mais les trafiquants ne sont pas seuls en cause. Le problème perdure depuis des années, bien qu'il ait pris cette dernière année des proportions à couper le souffle aux plus tenaces et plus patients des automobilistes. Certains pointent avec leurs voitures à 3 heures du matin devant les pompes à essence. Après des heures d'attente à la belle étoile, ils reviennent bredouilles convaincus que des mains dans l'ombre sapent la civilité de la population. D'autres n'ont trouvé de solution que d'aller s'alimenter en carburant dans les wilayate limitrophes s'armant de jerricans dans le coffre. Mais tous ne comprennent pas l'incapacité des autorités à mettre fin à un souci qui est devenu pour eux la préoccupation première. Cette pénible excroissance est d'autant mal perçue quand l'administration met un énorme zèle à redorer le visage de leurs localités avec un doigté à ébahir et faire rougir les plus belles des cartes postales. Cheikh Guetbi & R. N.