Aucun incident n'a émaillé ce rassemblement de quelque 300 personnes qui s'est achevé peu après 12 heures dans le calme, sous les yeux scrutateurs de nombreux membres des services de sécurité en civil. Le rassemblement au carrefour Matoub-Lounès de Tizi Ouzou pour un déjeuner public "contre l'inquisition" et "pour la liberté de conscience et le droit à la différence" a drainé hier environ 300 personnes, selon les observateurs et les participants à cette action et a été un franc succès. À 11 heures, l'heure indiquée dans l'appel au rassemblement, une foule s'est déjà formée sur la place de l'Olivier, prête à marquer ce moment que les initiateurs de l'action n'hésitaient pas à qualifier d'"historique". Des personnes de tout âge dégustaient un sandwich ou buvaient de l'eau sans aucun tabou sur cette place où il y avait aussi des jeûneurs qui ne cassaient pas la croûte, mais qui ont participé à ce rassemblement, disent-ils, "juste par respect à la liberté de conscience". La place fait face à la cour de justice et au siège de la sûreté de wilaya de Tizi Ouzou, pourtant dans les alentours, aucun homme en uniforme n'était visible. Prévisible. Le wali de Tizi Ouzou avait déjà annoncé mardi dernier qu'il n'allait pas réprimer ce rassemblement. "Chacun est libre face à sa conscience", s'était-il contenté de déclarer. Une déclaration qui n'a pas rassuré les plus sceptiques qui n'excluaient pas que la tâche de lynchage serait confiée à des extrémistes islamistes. Il n'en était finalement rien. En dépit de toute la polémique suscitée par cette action sur les réseaux sociaux, sur le terrain, aucun incident n'a émaillé ce rassemblement qui s'est achevé peu après 12 heures dans le calme, sous les yeux scrutateurs de nombreux membres des services de sécurité en civil. Durant tout le temps qu'a duré le rassemblement, des militants se relayaient au micro pour prendre la parole et rappeler, chacun à sa manière, la portée de cette action. "Nous ne sommes pas contre la religion musulmane ni une quelconque autre confession, mais contre toute forme d'inquisition et de radicalisme. Nous tenons au respect des libertés individuelles, à la liberté du culte et à la tolérance", dira le président du MAK, Bouaziz Aït Chebib, tout en plaidant comme à son accoutumée pour la laïcité et l'autonomie de la Kabylie. Cette initiative est née, pour rappel, au lendemain de la descente de la gendarmerie dans une cafétéria au village Tifra, dans la daïra de Tigzirt. Dans l'appel au rassemblement, ses initiateurs se sont fixé pour objectif de dénoncer ce qu'ils qualifient de "persécution des non-jeûneurs, dont le seul crime est de ne pas appliquer un précepte d'une religion de plus en plus investie par les tenants d'un obscurantisme radical, au mépris de l'islam tolérant pratiqué par les citoyens kabyles, le piétinement des valeurs de tolérance et de cohabitation harmonieuse de toutes les opinions et confessions, qui ont cours en Kabylie depuis la nuit des temps et l'intrusion du régime algérien dans la vie privée, y compris intime, des citoyens". Il est à noter que si aucun incident n'a été enregistré lors de ce rassemblement, cette initiative n'a pas manqué néanmoins de susciter une polémique entre ses soutiens et ceux qui n'y voient qu'une "provocation". S.L Nom Adresse email