La majorité des dirigeants arabes ont appuyé tacitement le coup de force sanglant contre les Frères musulmans en Egypte, y voyant un coup d'arrêt à la menace que représente la confrérie pour leur pouvoir, estiment des experts. Hier, c'est le roi Abdallah d'Arabie Saoudite qui a de nouveau apporté son soutien au nouveau pouvoir en Egypte, tout en affirmant que toute ingérence dans les affaires intérieures de l'Egypte engendrerait la "fitna". Le roi Abdallah d'Arabie Saoudite a proclamé son ferme appui au pouvoir égyptien "face au terrorisme" en dénonçant "les ingérences" dans ce pays meurtri par les violences entre partisans du président islamiste déchu et forces de sécurité. "Le gouvernement et le peuple d'Arabie Saoudite se tiennent aux côtés de leurs frères en Egypte, contre le terrorisme et face à tous ceux qui tentent de porter atteinte aux affaires intérieures de ce pays", a déclaré le roi. Seuls le Qatar, parrain de la confrérie, et la Tunisie, où le parti au pouvoir appartient à la même mouvance, ont condamné de manière virulente les événements de mercredi dernier au Caire. La majorité des pays arabes, Riyad en tête, "ont constaté avec déplaisir le poids grandissant de la Turquie et de l'Iran sur tous les dossiers concernant le monde arabe. Leur soutien au (nouveau) régime égyptien montre leur volonté de refonder un nouveau système régional purement arabe sur des bases plus classiques", note M. Abou Diab, spécialiste du monde arabe. Grâce au Printemps arabe, Ankara, dont le gouvernement est issu des Frères musulmans, a acquis le statut de puissance régionale en s'impliquant à fond dans les affaires arabes. L'Iran, de son côté, a renforcé ses liens avec le régime de Damas et noué des relations avec les Frères musulmans en Egypte. Les relations entre l'Arabie Saoudite et les Frères musulmans, bonnes durant trois décennies, se sont dégradées avec la première guerre du Golfe en 1990 quand la confrérie a critiqué le royaume pour avoir accepté des bases américaines sur son territoire. Beaucoup d'entre eux ont été expulsés mais les relations se sont tendues davantage après les attentats du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unis. À l'époque, Riyad avait accusé les Frères musulmans d'être à l'origine de l'idéologie djihadiste et le ministre de l'Intérieur, le prince Nayef, avait déclaré publiquement en 2002 que "tous les groupes extrémistes sont issus des Frères musulmans". Mais ce que Riyad n'a pas pardonné à la confrérie, c'est son flirt avec l'Iran chiite, principal rival du royaume sunnite au Moyen-Orient. "Les Frères n'ont jamais été hostiles à des relations avec l'Iran chiite alors que pour les Saoudiens, c'est une ligne rouge tant du point de vue de l'orthodoxie sunnite que pour des raisons de géopolitique régionale", estime M. Lacroix. M. T. Nom Adresse email