Ahmed Kebaïli, la légende vivante du cyclisme, s'en est allé sur la pointe des pieds. Né en 1924, le fils d'El-Affroun, idole des jeunes Français et Algériens des années 40, qui avait parcouru le monde, remporté plusieurs tournois internationaux avec 5 tours de France de 1950 à 1954, fait la une de l'actualité de l'époque et, partant, la fierté des Algériens, recevant trophées, distinctions et honneurs à pleines brassées, le militant de la cause nationale emprisonné pendant 5 ans et qui avait eu comme compagnon de cellule Moufdi Zakaria, son initiateur à la langue arabe, a fini sa vie dans sa ville d'origine où il était installé depuis 24 ans, après avoir résidé à Alger, puis à Blida. Dans les années 70, il avait été président de la Fédération nationale. À 89 ans, avec noblesse, sans bruit, sans la moindre marque d'ostentation, il promenait encore sa stature digne et imposante, droit sur sa canne chic, toujours vêtu avec classe et soin, du marché où il s'entretenait un peu avec quelques congénères – des gens simples – à son domicile. Visiblement désabusé, volontairement effacé, il a toujours fui les milieux malsains, ceux de la corruption notamment. En retrait du monde, qui n'était plus le sien à El-Affroun, et après y avoir établi la première fonderie industrielle d'Algérie, il occupait, ses dernières années, son temps à lire journaux, revues, magazines, romans en langue française, et à s'informer des dernières nouvelles politiques et sportives, nationales et internationales. Ahmed Kebaïli, la gloire vivante valant son pesant d'or, qui venait d'être honoré le 14 juillet dernier sur les Champs-Elysées à l'occasion du Centenaire du Tour de France, était ignoré dans sa ville d'origine. était-ce son choix ? Il reste que, jamais honoré à El-Affroun, il y était méconnu de la population actuelle, inconnu des jeunes générations. Décédé, dimanche à 14h à El-Affroun, il y a été enterré le jour même, pratiquement dans l'anonymat. F. S Nom Adresse email