Résumé : Anéanti par le massacre des siens, Si Lakhdar rejoint le maquis. Pour gagner la confiance de ses aînés, il devra déposer une bombe dans une auberge... Le succès de cette opération lui permettra de s'enrôler définitivement dans les rangs des révolutionnaires. Il nous proposera de rejoindre la cause. Le maquis ? Il hoche la tête : -Pourquoi pas... Vous êtes jeunes, volontaires, et vous êtes en train de perdre du temps dans cette caserne où je suis certain qu'on vous maltraite à tout bout de champ. -Exact ! Nous sommes traités comme des esclaves. Parfois pire. -Alors vaut mieux mourir en héros que subir l'humiliation de l'ennemi. Nous nous regardions tous un moment. Monter au maquis ! L'idée, si elle ne nous a jamais effleurés, nous ravisait... Mais comment faire ? Nous étions sous les drapeaux français... -C'est simple, nous dit-il, nous allons nous rencontrer comme à nos habitudes dans ce restaurant... Je vais tâcher de préparer votre mission le plus tôt possible. Vous allez vous débrouiller aussi pour ramener avec vous un maximum de nourriture, de vêtements, de médicaments et tout ce qui pourra servir dans un maquis, comme des couvertures, des draps, des serviettes, etc. Vous m'avez compris... Nous gardons le silence un moment, avant de nous décider à lui répondre : -Nous serons fiers de servir la cause nationale, mais vous êtes sûr que les chefs ne vont pas refuser ? Il sourit : -Les frères... ? (dans les maquis, on est tous frères). Non, ils ne vont pas refuser de jeunes volontaires comme vous. Vous êtes l'avenir de la nation mes enfants. Pris au dépourvu, nous ne réalisons pas encore ce que Si Lakhdar nous proposait. Nous étions très jeunes, encore un peu immatures, mais nous avions compris que monter au maquis, c'était prendre en main l'avenir de notre pays...Le libérer de l'ennemi. Accepter de se sacrifier et de verser notre sang pour la patrie. Quelque chose avait remué en chacun de nous. Une chaleur réchauffait les cœurs, et les joues devinrent rouges... Nous étions fiers... Fiers de la proposition de Si Lakhdar. Si fiers que le chemin du retour vers la caserne se fera dans une ambiance jamais égalée. On s'étonnera d'ailleurs de notre euphorie, qu'on mettra plutôt sur un week-end bien arrosé. Désormais, nous ne vivrons plus que dans l'attente. Une attente de plusieurs jours sera nécessaire avant que Si Lakhdar ne daigne nous donner les premières directives. Dans l'intervalle, nous nous sommes préparés à "faire nos bagages". Deux semaines passent. Si Lakhdar revient enfin. Cette fois-ci, il était accompagné d'un autre homme. Un certain Belkacem. Ce dernier était encore jeune mais bien avisé. Il discutera avec nous à bâtons rompus. Répondra à nos questions et balayera nos dernières hésitations. Belkacem semblait bien connaître la région. Il était originaire du centre du pays, mais avait déjà sillonné les villes algériennes et les montagnes du Nord. Il nous proposera d'ailleurs de nous préparer à le suivre dès le lendemain. Stupéfaits, nous ne réalisions pas encore l'honneur qu'il nous faisait en nous intimant ce premier ordre. Nous demeurions un moment sans bouger ni même respirer. Puis j'ose demander : -Heu... vous êtes sûr que nous serions à la hauteur de cette noble mission. Il rit : -Qui d'autre pourrait l'être mieux que vous...Vous avez la jeunesse, du courage et des ambitions... Je lis même dans vos yeux beaucoup de fierté. N'êtes-vous pas l'avenir du pays ? -Heu... oui, nous... nous serions très honorés de vous suivre mais... est-ce... est-ce que nous allons monter directement avec vous au maquis ? -Oui, mais auparavant nous devrions nous arrêter dans un village pour voir quelques blessés...Je dois aussi vous avertir qu'il serait inutile pour vous de reparler de ce sujet. Vous vivez dans une caserne, et le moindre mot pourrait déclencher un déluge... Pas un mot, hein ? Nous hochions silencieusement la tête. L'heure était grave. Nous sentions tout au fond de nous-mêmes que la mission ne sera pas de tout repos. Mais quelle mission ! Nous étions choisis et triés sur le volet pour servir notre patrie ! Rien ne pouvait égaler notre bonheur ce jour-là. Nous prîmes rendez-vous avec notre interlocuteur pour le lendemain à 10h. C'était un dimanche et, comme par hasard, aucun soldat de notre groupe n'était de permanence. Nous nous hâtions de retourner dans nos dortoirs et de nous préparer à la grande évasion. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email