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La révolution de mon père 9e partie
Publié dans Liberté le 25 - 09 - 2013

Résumé : Enfin c'est la grande évasion. Nous retrouvons Belkacem pour prendre le chemin du maquis. Le périple ne s'avéra pas de tout repos, mais nous étions trop fiers pour nous plaindre. Nous traversons les deux frontières, avant de nous rendre dans un village où Belkacem devait voir des blessés. Nous étions fatigués et affamés.
C'était bon d'avoir enfin quelque chose dans son estomac.
Après le dîner, le vieil homme nous sert un café, et nous discutions de tout et de rien avec Belkacem.
Au bout d'un moment, ce dernier se lève et lance :
- Je vais rendre visite à quelques-uns de nos blessés... Qui veut m'accompagner ?
Nous nous levons tous en même temps :
- Nous t'accompagnons.
Il rit :
- Voilà ce que j'appellerais un esprit d'équipe.
Nous ne savions pas qu'un village aussi petit pouvait abriter des maisons dotés de refuges souterrains et d'abris.
Les blessés, pour la plupart dans un état assez grave, gardaient le moral. À notre vue, leur regard s'éclaira et l'espoir revint. Nous nous agenouillâmes près d'eux, et tentions d'engager une première conversation avec ces hommes qui avaient déjà eu à affronter directement l'ennemi.
Ce premier contact approfondira davantage notre conviction. Un pays a besoin de tous ses hommes... de tout son peuple... Personne ne devrait se sentir à l'écart de la cause nationale.
À l'aube, nous reprenons notre chemin. Nous avions pu dormir quelques heures, et prendre un petit-déjeuner assez consistant, avant d'entamer le dernier quart de notre périple.
Il faisait chaud, et nos vêtements nous collaient à la peau. Belkacem nous donne à boire, sans pour autant nous permettre de nous reposer. Il fallait arriver au camp avant la fin du jour. D'autres obligations l'attendaient. Il nous rassure en nous disant, que tant que nous n'avions pas rencontré des soldats français, nous n'avions rien à craindre... Nous étions hors circuit, et nous devrions atteindre le camp sans trop de mal.
Le jour commençait à décliner. Je commençais à me demander où se trouvait ce camp et quand nous allons l'atteindre, lorsqu'un homme surgissant de nulle part, vint à notre rencontre.
Il sourit à la vue de Belkacem avant de se jeter dans ses bras :
- Enfin tu es là... Nous étions tous si inquiets.
Belkacem nous présente, nous échangeons avec lui une poignée de main :
- Vous devez être fatigués... Venez, tout le monde vous attend au camp.
En guise de camp, nous sommes introduits à l'intérieur d'une grotte glaciale, où se trouvaient déjà plusieurs djounoud. Quelques-uns portaient le treillis, d'autres étaient en kachabia.
- Soyez les bienvenus, nous lance un homme aux sourcils en broussaille, et à la moustache fournie.
- C'est Da Belaïd, nous dit Belkacem. C'est lui notre chef.
L'homme ébauche un sourire :
- Je suis le chef. Oui... Mais juste pour la forme. À la guerre comme à la guerre, je suis moi aussi soumis au règlement du camp.
- Le règlement du camp...?
J'étais sidéré... Même dans cette forêt, il y a un règlement !
- Bien sûr mon fils. Tout organisation nécessite un règlement. Nous ne pouvons pas y faire exception.
Il sourit encore :
- Venez donc vous asseoir la jeunesse... Je vois que vous êtes très fatigués... Ce soir, nous allons vous laisser en paix, mais dès demain vous commencerez les entraînements...
Nous mangeons un morceau, et nous nous allongeons à même les couvertures étalées çà et là sur le sol. Sur les hauteurs, il faisait un froid de canard, et nous nous serrâmes les uns contre les autres pour nous réchauffer, et faire aussi de la place au reste des djounoud. Ils étaient tous chargés d'une mission spécifique. Les uns surveillaient les alentours, les autres gardaient les lieux, d'autres encore nettoyaient les armes ou vérifiaient ce qui restait comme nourriture ou médicaments.
Je ne pus fermer les yeux de la nuit. Je ne cessai de me demander si ce qui m'arrivait n'était pas un rêve.
Mohamed qui dormait à mes côtés me pince :
- Boualem... On est au maquis... Tu te rends compte ?
- Oui... Je n'arrive pas encore à le croire.
Ce n'est que vers l'aube que je pus enfin fermer les paupières. Je plongeais dans un sommeil profond et sans rêves. Quelqu'un me secouait... Je tentais de tirer la couverture sur moi et de me retourner dans ma couche pour replonger dans les bras de Morphée. Mais la main ferme ne voulait pas lâcher prise.
(À suivre) Y. H.
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