Le film syrien Mariam de Basil Alkhatib a été projeté, avant-hier soir, à la salle El-Maghreb, dans le cadre de la compétition longs métrages du Festival d'Oran du film arabe (Fofa). Mariam, c'est l'histoire de trois femmes qui portent le même prénom, et qui évoluent dans trois époques différentes : 1918, 1967 et 2012. Aucun lien apparent entre les trois femmes n'est visible au premier abord, mais au fur et à mesure que les choses évoluent, on finit non seulement par apprendre qu'elles sont liées par un fil invisible, et que la guerre a conditionné leurs vies. Elles avancent dans le brouillard du présent qui laisse entrevoir un avenir incertain. Le pitch : Mariam de 1918 (incarnée par la comédienne Lama Alhakim) est une jeune fille qui a un don : le chant. Un riche propriétaire terrien la prend sous son aile et la considère comme sa propre fille. Un jour, dans la maison de son bienfaiteur, un drame se produit et bouleverse tout le monde qui gravite autour d'elle. Mariam de 1967 (interprétée par la comédienne Soulaf Fawakhrji) est une femme de confession chrétienne, qui perd son mari à la guerre, et qui essaie de survivre et de sauver la vie de sa fille. Elle croise le chemin de Abdallah (joué par Abed Fahd) qui fera tout pour protéger Mariam et sa fille Zeina (Rym Ali). Mariam se sacrifie pour sauver Zeina qu'elle confie à Abdallah, qui la confie à son tour à une vieille dame. Bien des années plus tard, en 2012, Zeina devient directrice d'un centre pour personnes âgées, et croise le chemin de la troisième Mariam (Dima Qoundoulfout), qui apprend, atterrée, que son père a confié sa grand-mère Hayat (Sabah Eldjazaïri) à un centre, et qui vient pour la sauver. Le combat de cette dernière Mariam n'est pas celui de la survie, mais de la vie, car elle est confrontée et en proie à des problèmes personnels, la famille de son amoureux refusant son union avec lui parce qu'elle exerce le métier de chanteuse. Des liens se font et se défont dans ce film, et les destins des Mariam sont inaccomplis. Mariam aspire à brasser près d'un siècle d'histoire de la Syrie. Une histoire faite de conquêtes et de douleur. Bien évidemment, un parallèle pourrait être fait entre ce qui se passe aujourd'hui en Syrie et les différents discours reproduits dans le film. Cependant, le discours du film défonce des portes ouvertes : la guerre, ce n'est pas bien ! Oui, mais on le savait déjà. Basil Alkhatib a truffé son film de recours aux éléments naturels, comme la pluie, le brouillard, ainsi que la couleur noire et le prénom Mariam. Mais le réalisateur a usé des symboles jusqu'à la corde, ce qui a fait tomber les comédiens dans le sur-jeu, avec des relents de feuilletons télévisés. On se croirait effectivement dans un feuilleton syrien, comme ils savent bien les faire, mais l'anticipation dans le jeu, et la musique qui arrive pour accentuer le drame et donner des accents de tragédie à tout et à n'importe quoi a tué l'intensité dramatique. Dans Mariam, et à chaque époque, les protagonistes s'interrogent sur la guerre, son sens et ses conséquences. "Faut-il vivre ou mourir pour son pays ?", se demande le soldat Abdallah. Le long métrage, qui installe le spectateur dans trois temps, rappelle enfin que les conséquences des précédents conflits se trouvent être les causes d'un nouveau. S. K. Nom Adresse email