Je suis le frère de sept sœurs. Ceci n'est pas un conte, ni le chapitre d'un roman rose. C'est la vérité véridique, auto-biographiquement vérifiée. Je suis le frère de sept sœurs. Allah ybarek, cinq dans l'œil du Satan (khamsa fi aïn iblis) ! Elles sont belles et intelligentes mes sept sœurs. Chanceux est celui qui traverse son enfance et son adolescence entouré de sept perles. Elles s'appellent : Rabia, Fatima, Kheira, Aïcha, Hafida, Hanifa et Yakout ! Par respect, je les nomme par ordre d'âge. Elles sont toutes du même ventre. Fruit de la matrice bénie d'une extraordinaire mère : El-Hadja Rabha, qui a donné aussi la vie à sept garçons ! Grandir dans une maison grande par ses sept filles, c'est vivre la fête en enchaînement. Elles étaient belles avec leurs longues chevelures. Mon père, Hadj Si Benabdallah, avait le grand respect pour ses sept filles. Elles étaient les prunelles de ses yeux ! Rabia, l'aînée, était à mes yeux ma deuxième maman. Le jour où la nouvelle de sa mort m'était parvenue, je vivais dans un internat du collège, j'ai pleuré comme je n'ai jamais pleuré un cher. En aucun cas je n'imaginais qu'une de mes sept sœurs soit emportée par la mort ! J'ai toujours pensé que mes sœurs sont là pour l'éternité du bonheur. Fatima a vécu une histoire dramatique. Mariée avec un mineur, ils vivaient une belle histoire d'amour. Elle lui a donné deux enfants. Par un jour, ma mère a été appelée, en urgence, chez Fatima. Elle l'a trouvée allongée sur son lit, avec une paralysie généralisée. Elle l'a ramenée chez nous, dans la grande maison. Quatre ans d'inertie, sans espoir aucun. Par une sieste d'un jour estival torride, Fatima s'est levée. Folle de joie, comme un bébé, elle a fait ses premiers pas ! Et peu à peu, elle a recouvré les mouvements de ses membres. Et elle a repris son amour, sa maison et ses enfants. La première fois où je suis monté dans un camion, c'était avec le mari de Kheira. Il s'appelle Mustapha le camionneur. Ce dernier a été assassiné par l'un des membres de sa famille à cause d'un litige autour d'un héritage terrien. Kheira, depuis ce meurtre, sombre dans la tristesse. Hafida, j'adore ce prénom, était fiancée à un cousin. Un désaccord déclenché entre les deux familles, ma sœur n'a pas tardé à faire sortir tout ce que la famille du fiancé lui a offert en les jetant devant la porte de la maison. Elle était audacieuse avec une langue piquante, faite pour les querelles ! En garçon manqué, hormis les fêtes, elle ne portait que les pantalons. Aïcha la plus naïve, dans sa vie conjugale, elle n'a eu que des filles. Un seul garçon. Un grand cœur ! Par peur pour ses filles, elle était obligée de quitter sa maison et ses biens pendant les années du terrorisme. Hanifa, franche, elle ressemble beaucoup à ma mère. Même mariée, elle est restée collée à ma mère. Je ne voyais ma Hanifa qu'enceinte, toujours le ventre plein ! Elle aime avoir beaucoup d'enfants. Yakout, le dernier ventre d'El-Hadja Rabha. Elle aimait les films égyptiens, les feuilletons brésiliens et mexicains... Elle faisait attention à sa ligne, cette hantise lui a causé un gros problème de santé. Je distinguais mes sept sœurs par leurs parfums. Chacune avait sa manière de tresser ses nattes, attacher les bouts par un tissu afin qu'elles ne se débouclent pas. Dans des fêtes de mariage, elles se mettaient côte à côte, pour chanter ou pour danser. Elles étaient les meilleures, les plus belles de toutes... A. Z. [email protected] Nom Adresse email